La nuit avançait à pas de Sioux, Les représentants des genres et des espèces
devaient comprendre le pourquoi du comment du quand tout ceci avait commencé à
se dégrader. ....
Et chacun d’énumérer les doléances de ses électeurs, comme il sied à tout
représentant d’un peuple.
Loup :
Les animaux ont le sentiment très saignant de n’être pris que pour de la viande
sur pied, et encore, cela est parfois un semblant d’honneur d’être mangé par
les hommes car, selon leur espèce, on en tiendra certains en amitié ou non !
Chouette :
Mais c’est pareil chez les hommes, mon bon. Ayez un plumage blanc ou noir, cela
change tout. Tenez, moi, par exemple....
Loup :
Il ne s’agit pas de vous. Vous ramenez toujours tout à vous. Madame « MOI-JE »,
voilà comment je vais finir par vous appeler.
Pierre Nue :
Puisqu’on vient de me donner la parole, j’affirme que nous autres, êtres
inanimés sommes doués d’une conscience et aimerions qu’elle soit enfin
reconnue.
Séquoia :
A ce compte-là, mon petit, reconnaissons d’abord les arbres, les fleurs, l’herbe
de la toundra et même mon ami le parasite !
Lichen :.............????
Séquoia :
C’est vrai ce que je dis là.. Pas la peine de me regarder comme ça. Même vous,
Lichen. Je n’ai jamais vu une pierre se propulser seule, sauf coup de pied bien
placé.
Chouette :
Sauf votre respect, Séquoia, à la bourse de New-York où je me rends souvent, je
n’ai jamais entendu parler du cours du séquoia ou du Lichen Alors que l’or, la
pierre.....Ah..vous voyez.. C’est vrai aussi. Et toc !
Lichen :
On se calme....
Retombant brutalement dans un long silence, car mine de peu, Lichen dont les
interventions étaient rares mais judicieuses commençait à les impressionner,
retombant en chute libre dans un long silence qui faisait se rentrer leur
museau, leur bec ou leurs aiguilles en eux-mêmes, les Représentants prirent
alors conscience que chaque entité en ce monde tient à être reconnue comme
telle .
Bien des maux devaient naître dans cette béance-là se disaient-ils en leur for
intérieur. Bien des maux.
Il arrive un moment où le silence pèse plus lourd que la hotte de raisin
fraîchement cueilli sur le dos du vigneron. Ce moment- là, il se trouve
toujours quelqu’un pour en sentir la gène et en alléger le poids en le rompant.
Loup sentait ces choses.
Il dit alors pensif :
"L’enfer, c’est les autres"...
La Lune regardait sa montre en baillant, mais les Dieux lui avaient demandé pour
une fois de remonter les aiguilles à l’envers et de ralentir sa course.
Soleil, bien content, se dit qu’une bonne grasse matinée ne serait pas de trop.
Arrivés à ce point de leurs réflexions, ils s’examinaient les uns et les autres,
conscients de leurs manques.
Loup commençait à sentir son estomac gargouiller et se serait bien fait la
Chouette.
Chouette avait sommeil et se serait bien fait un trou douillet au creux des bras
du Séquoia.
Séquoia avait un torticolis à force de rester dans la même position pour
surveiller ses fruits et enviait les cabrioles de gyrophares que faisait la
tete de l’oiseau.
Pierre Nue était vexé de l’allusion aux coups de pieds bien placés et regardait
les pattes des uns et des autres avec un ruminement de mica.
Quant à Lichen, il méditait sur le concept de parasitisme.
Lui-même, était-il si innocent que celà ?
Sortant de sa méditation il dit :
"Regardons nous, Frères et soeurs, nous avons en peu de temps été traversés de
sentiments mélangés, malgré le calumet de paix"
Chouette : Je n’étais pas d’accord sur le fournisseur.
Loup : Vous êtes vraiment casse-truffe à toujours tout ramener à Votre Sublime
Vision des Choses.
Chouette : ............!!!!
Lichen :.................
Loup : Laissez parler Lichen Froissé.
Lichen : Merci. Et si le problème de l’homme, était tout simplement qu’il ne sait
se contenter du peu qu’il possède à sa naissance et que lui transmettent ses
parents ? S’il cherchait comme nous à remplir des vides avant de rejoindre
l’autre extrémité de la Vie ?
Séquoia : Ce qui fait la force de Lichen est sa faiblesse apparente et son
humilité à se joindre à moi. Continue, car ton silence naturel est d’or.