A l’extérieur d’énormes flocons blancs s’évertuaient à tomber incognito.
Au loin, le battant d’une cloche en bronze sonnait les douze coups de minuit.
Elle, affectée par un décès pourtant lointain, tourmentée par ses pensées, recroquevillée dans un coin de ce canapé trop grand, vêtue comme à son habitude quand elle était dans cet état, d’un survêt en éponge, s’interrogeait désorientée sur la tournure exagérément dramatique que prenait son existence. Pourtant cette année elle pensait bien passer au travers, en être quitte de tous ses tristes souvenirs. Quelqu’un en avait décidé autrement et contre son gré. Surtout elle ne voulait pas chuter comme par le passé à même époque.
Singulièrement elle ne voulait pas revivre tous ces détestables moments d’abattement, de lassitude et de découragement. Elle se l’était juré ...
Elle était fatiguée de se battre contre cette chose malfaisante et insidieuse qui lui ôtait son souffle, son sourire, sa joie de vivre.
Elle décida donc de sortir. Les comprimés prescrits par le médecin commençaient tout doucement à faire leur effet. Surtout ingurgité avec deux verres de champagne ! Elle qui buvait si rarement. Sa décision était sans appel. Elle allait se distraire en boîte.
Ce n’est peut-être pas la meilleure thérapie, se disait-elle, mais au moins elle à l’avantage de gommer, le temps d’un soupir, tous ces dessins ténébreux qui obscurcissaient sont esprit. Debout devant la psyché de sa chambre, elle se demanda si l’image dans le miroir était bien une réplique exacte de sa personne. D’un geste de la main elle chassa un insecte imaginaire et sorti.
(à suivre) - 1