Je me suis assis et j’ai regardé ce que j’avais fait et qui commençait à prendre vie. Les plantes et les animaux se transformaient à leur aise, en fonction de l’endroit où je les avait posés et les hommes inventaient la roue, l’outil, le viol, le métal, le langage, la tendresse.
Enfin, pas dans cet ordre là, je crois.
Le problème quand on crée le monde, c’est que le moindre petit défaut, la moindre erreur microscopique de conception, a une fâcheuse tendance à se multiplier et à grossir de manière exponentielle.
J’ai pas vu tout de suite que ça partait en couille.
Je suis d’abord resté longtemps assis, à me demander si tout ça se passait normalement.
C’était pas les guerres, les vices et les maladies qui me posaient problème, non.
Il fallait bien que ça se régule, d’une manière ou d’une autre. Le problème, c’était que les hommes parlaient de moi. Et puis aussi, qu’ils se multiplient si vite. Ils se répandaient sur la surface du globe comme un cancer de la peau.
Bien sur mon monde n’était pas conçu pour être éternel, il aurait bien fini par se refroidir et par s’éteindre, mais quand même.
Quelques temps plus tard, alors que le mélanome gagnait du terrain sur la croûte terrestre, je reçus une lettre. Ma hiérarchie m’informait que les subsides alloués à mon service allaient être suspendus.
Quand je les ai appelés, je suis tombé sur un sous-fifre qui m’a juste dit que je m’étais planté. Que dans ce bizness, on avait pas le droit à l’erreur, et que c’était comme ça.