Marc Hiboux rentra chez lui à 19 heures comme d’habitude.
Il gara sa voiture sur le trottoir comme d’habitude.
Il poussa la porte et s’affala sur le canapé comme d’habitude.
Puis il appela sa femme et son fils qui comme d’habitude devaient jouer dans le jardin .
Mais personne ne répondit. Pas comme d’habitude !
Il se leva et se dirigea vers le jardin , mais la personne.
Il partit alors dans la chambre du petit Cédric et là il découvrit son fils prosterné la tête dans les mains.
Il s’approcha de lui le prit dans ses bras puis lui demanda doucement
-Qu’est ce qui se passe pourquoi pleures tu, ou est maman ?
L’enfant répondit avec la voie pleine de sanglots.
C’est un vilain Monsieur qui est venu il criait très fort et il a amené maman.
Marc prit son portable et appela aussitôt la police.
-Venez vite chez moi au 48 Boulevard de la lune ma femme Sophie a été enlevée.
Quelques dix minutes plus tard le lieutenant Limier pointa son grand nez au portail de la maison des époux Hiboux.
Il le poussa puis ses chaussures crissèrent sur les cailloux , les joujoux du petit Cédric traînaient dans l’allée ou il avait égratigné ses petits genoux.
Il sonna à la porte Marc ouvrit l’air décomposé.
Cédric lui mangeait un chou et avait retrouvé le sourire.
Marc expliqua à Limier ce qu’il savait c’est à dire pas grand chose.
Limier s’approcha alors de Cédric et lui dit
- Alors Cédric ta maman nous fait une farce, elle joue à cache- cache et on doit la retrouver, mais pour cela il faut que tu m’aides.
Dis moi ce que tu as vu quand elle est partie avec le Monsieur qui jouait avec elle.
Il était comment le monsieur ?
Le petit Cédric apprit ainsi à Limier que l’homme criait, qu’il avait une barbe ,qu’il était grand et portait une casquette et des lunettes noires.
Limier interrogea Marc celui ci ne voyait pas pourquoi sa femme aurait été enlevée.
Ils n’avaient pas de fortune et ne se connaissaient pas d’ennemis.
En effet les salaires d’un professeur de Français et d’une secrétaire ne prédisposaient pas particulièrement à une demande de rançon mais plutôt à un découvert bancaire.
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Limier prit congé de ce qui restait de la famille Hiboux et parti en direction du commissariat.
Là il chargea ses acolytes d’effectuer une enquête de voisinage au sujet du couple Marc et Sophie.
Et on entendit cette bande de quadragénaires stupides reprendre en cœur le refrain d’un générique d’une série télévisée des années quatre-vingt.
Mais si souvenez vous de cet air : -Marc et Sophie , Marc et Sophie......
C’est ainsi que Limier apprit que Sophie Hibou voyait depuis quelques temps un certain M. De Pursac : homme toujours bien mis , cadre quinquagénaire à la SNCF .
Était il son amant, ou plus simplement un ami ?
Il décida de rencontrer celui ci et se rendit donc dans les bureaux de cette grande entreprise Française.
Malheureusement il trouva porte close, en effet c’était un jour comme les autres à la SNCF c’est à dire un jour de Grève.
Il aurait du y penser.
Agacé il prit la décision de foncer au domicile de M. De Pursac.
Il amena donc son imposant appendice nasal et s’en servit pour appuyer sur la sonnette.
Ce qu’il ne savait pas c’est qu’une caméra de surveillance filmait l’entrée de la maison. .
Un jeune femme élégante et hautaine apparue : Mme De Pursac.
Le malin Limier lui demanda de parler à son mari et celle ci lui répondit qu’il n’avait pas reparu à la maison depuis 48 heures, que ce dernier avait l’habitude de découcher et de ne pas rentrer au domicile durant deux à trois jours.
Il était fin Limier et ne se satisfit pas de ces explications.
-Alors votre conjoint disparaît depuis deux jours et vous ne vous en trouver pas fort marri !
-Mais puisque je vous dit que c’est dans ses habitudes.
-Bon et ou est sa voiture ?
-Autour de lui je suppose , elle ne doit pas rouler toute seule !
Agacée elle rajouta :
-Et puis Monsieur il me semble qu’a votre âge vous devriez connaître les fonctions de vos différents appendices corporels qu’ils soient naseaux ou autres, car si vous sonnez aux portes avec votre nez je me demande à quoi peut bien servir votre sexe.
Limier était pris en défaut et son sexe justement il ne servait plus guerre qu’a la fonction urinaire.
Elle avait vu juste.
Si effectivement son nez se voyait encore mieux qu’un nez au milieu de sa figure , comment avait elle put mettre le doigt sur son sexe.
Limier sentit son visage chauffer et sans doute rougir, il tourna les talons et lança à Mme De Pursac :
-Je vous tiens au courant et en attendant vous restez à la disposition de la police Française.
Limier était gêné et très en colère , en effet durant toute son enfance il avait été le sujet de quolibets à cause de son nez et voilà que maintenant après dix ans de répit cela allait recommencer !
Il jura de se venger et de faire tomber la mère De Pursac.
Il s’assit dans son fier destrier dont la calandre n’était pas ornée d’un cheval cabré mais d’un plus roturier losange et démarra en trombe.
Une semaine passa et la voiture de M. de Pursac fut retrouvée sur le parking de l’aéroport .
On l’examina de fond en comble et on découvrit dedans des traces Adn de M.De Pursac , de sa femme et de sa maîtresse Sophie.
Rien que du très logique en somme.
Par contre on avait pu suivre les mouvements des comptes bancaires de Sophie et de son présumé amant.
On s’était aperçu que des retraits avaient été effectués en France puis au Brésil. après leur disparition
Donc plusieurs hypothèses flottaient dans la tête à Limier :
Soit les deux amants avaient mis en scène leur propre disparition en faisant croire à un enlèvement de Sophie et coulaient en fait des jours heureux en Amérique latine.
Soit l’un des deux amants s’était débarrassé de l’autre et s’était réfugié au Brésil.
Soit les deux amoureux étaient décédés et quelqu’un (sans doute l’assassin ) profitait des cartes de crédit des deux disparus .
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Limier rentra chez lui, prit une douche et se coucha.
Il ne trouvait pas le sommeil pas plus que la solution à cette étrange affaire.
Mais la solution l’importait en fait assez peu , il pensait avant tout à coincer l’hautaine Mme de Pursac.
Le lendemain il se rendit à nouveau chez Marc Hibou , si l’on avait parfois du mal à connaître l’origine des noms de famille , en voyant la tête de Marc cela devenait une évidence.
Il n’était pas laid non , c’était bien pire que cela il était ridicule.
Une tête ronde, un petit nez pointu , deux berlons exorbités en guise d’yeux , on frôlait la caricature.
Les deux vilains prirent place autour de la table basse.
-Votre fils a disparu lui aussi ?
C’était assez fin comme entrée en matière.
-Non il est chez ma sœur , elle le garde pour la semaine, vous avez du nouveau ?
-Oui votre femme est partie au Brésil avec son amant comme en attestent leur cartes bleues respectives qui chauffent là bas. Vous ne m’aviez pas parlé des amours extra conjugales de Sophie.
- Je n’étais pas au courant de ses infidélités. Vous allez envoyer quelqu’un pour les chercher ?
- Marc ôtez moi d’un doute vous me prenez pour un âne, pourtant je n’en ai ni le phrasé ni l’aspect ?
Votre femme elle est majeure donc elle fait ce qu’elle veut et surtout j’ai bien peur que si on envoie quelqu’un pour les ramener il ne les trouve jamais car je pense qu’il sont morts.
Limier progressait sans filet il assénait des coups pour voir la réaction de Marc, et il ajouta :
-Et je pense que c’est vous qui avez assassiné M. De Pursac et occis Sophie.
Il ne put s’empêcher de fredonner à mi-voix sur l’air d’une chanson de Fernandel en ayant pris soin de changer Félicie en Sophie...... et Sophie occis.
- Les oreilles de Hibou n’en crurent pas leurs yeux , mais il fit mine de n’avoir rien entendu. Il répondit en bafouillant :
-Vous m’accuser des meurtres de ma femme et de son amant !
-Oui car grâce aux caméras vidéo équipant les distributeurs automatiques du Brésil nous avons put retrouver et interroger l’homme qui a effectué les retraits et ainsi remonter jusqu’à vous.
Hibou tomba dans le piège , il faut dire qu’il n’avait pas que l’enveloppe faciale de l’oiseau mais aussi le cerveau.
Il répondit néanmoins la chose suivante :
-Moi je n’ai fait que discuter avec M. Ronald Dino , je ne les ai pas tué c’est lui qui a tout fait.
Il aura suffit d’un gros mensonge engendrant un gros malaise suivi d’une peur panique afin qu’ Hibou passe à table.
-Bon admettons c’est lui qui les a tués mais c’est quand même bien vous qui avez commandité ces meurtres ! Racontez moi.
-Hé bien en fait je l’ai rencontré dans un bar et nous avons sympathisé, je lui ai parlé de mes déboires sentimentaux et lui de son désir de renter chez lui au Brésil.
C’est durant cette beuverie qu’il m’a proposé de me venger en faisant disparaître ma femme et son amant en échange de quoi je devais lui payer son billet d’avion pour le Brésil et une somme de deux milles euros .
-Mais qui c’est ce Ronald Dino.
-Je n’en sais rien , il n’a rien voulu me dire sur son passé , j’ai appris seulement qu’il voulait rentré dans son pays d’origine.
Pour Limier c’était sûrement un ancien footballeur qui ressemblant à un âne à cause de sa denture et se sentant de plus en plus complexé s’était mis à jouer comme une chèvre et s’était fait virer de son club.
La confrérie des laids s’était donc alliée pour combattre les forces de la beauté qui faisaient que les jolis baisaient et que les vilains se faisaient piquer leurs femmes et leurs emplois. Limier allait entrer dans cette association de bienfaiteurs car lui aussi avait des griefs contre les beaux et belles et en particulier contre Mme de Pursac.
Limier reprit la parole .
-Bon , j’ai de la sympathie pour vous , votre femme était une salope son amant un porc vicieux ils n’ont eu que ce qu’ils méritent.
Suites à vos aveux j ’en ai un autre à vous faire : en fait nous n’avons pas trouvé ce Dino do Brazil et vous n’êtes pas pour l’instant un suspect mais une victime.
Et tout le monde pense que Sophie et De Pursac coulent des jours heureux dans de chaudes contrées et plus précisément au pays du string.
Donc je vous propose un deal : je ne divulgue à personne ce que vous venez de me raconter , j’insiste pour clôturer l’enquête sur une disparition voulue et en échange....... en échange on verra plus tard car quelque chose me chiffonne il ne faut pas que l’on retrouve les corps , c’est impératif.
Il sont où les macchabées ?
-Heu c’est Dino et moi qui les avons fait disparaître .
-Comment avez vous procédé ?
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Hibou répondit benoîtement
-Tout d’abord Dino s’est chargé d’enlever ma femme puis son amant.
Il les a tués puis cachés dans sa camionnette quelques heures.
Et le soir venu, nous les avons amenés au crématorium municipal dont mon frère est le directeur.
Celui ci s’est par la suite débrouillé pour les transformer en cendre.
Suivez moi, regardez là sur le réservoir de la chasse d’eau.
L’urne posée sur les chiotte ,c’est ma femme c’est sa dernière demeure.
En revanche je ne sais pas et ne veux pas savoir comment il les a tués.
-Cela on s’en fout à partir du moment ou les corps restent introuvables.
-Pour cela vous n’avez pas d’inquiétude à vous faire, mais quelle est donc la contrepartie de votre silence ?
-Voilà vous avez fait tuer 2 personnes et selon moi vous avez eu raison. Moi je doit me venger de quelqu’un et il se trouve que nous nous retrouvons alliés objectifs car ce quelqu’un est en fait la femme de M. De Pursac.
-Et pourquoi lui en voulez vous , et que voulez vous que je lui fasse ?
- Pour la première question , la réponse est : chacun ses petits secrets .Et pour la seconde : que vous la tuiez.
-D’accord mais comment m’y prendre ? Moi je suis bon pour faire disparaître les corps.
Mais pour leur ôter la vie c’est une autre paire de manche.
Hiboux semblait apaisé et même reprendre de la plume de la bête.
Il répondait maintenant presque du tac au tac. Le courant passait réellement bien entre ces deux là.
-J’ai une idée !
S’enhardit Marc.
Limier pensa on n’est pas dans la merde !
Mais il commençait à bien l’aimer ce Hibou, et il le laissa parler.
-On pourrait faire revenir Ronald Dino en France et lui faire exécuter le sale boulot.
-Vous en avez d’autre comme ça ? Non ça on oublie, c’est bien trop dangereux.
- En fait on a que l’embarras du choix : le poison , le meurtre du rôdeur ou du voleur , l’accident automobile, la chute de l’escalier, la crise cardiaque provoquée par une grande peur , oui je pourrais me déguiser en zombi et aller chez elle la nuit !
-Il y a aussi le duel au fleuret mais je ne suis pas sur que vous en sortiez vainqueur.
Restons sérieux , il faut trouver autre chose.
-Alors je sais , j’ai ce qu’il vous faut si Ronald Dino ne peut pas venir à Mme De Pursac, Mme de Pursac ira à Ronald Dino.
Je m’explique on va envoyer une lettre à Mme De Pursac tapée à l’ordinateur signée de son mari lui disant qu’elle devait le rejoindre au Brésil et là bas Dino la supprimera.
-Oui c’est bien , un peu compliqué peut être...Mais vous ne manquez pas d’imagination.
Limier commençait à regretter le marché qu’il avait passé avec Hibou.
Mais après tout ils n’avaient rien signé, et puis si tous les contrats étaient respectés cela signifierait la disparition des avocats.
Il semblait vraiment contrarié mais il allait devoir tuer lui même Mme de Pursac, et aussi ce pauvre Hibou qui était décidément trop peu fiable et dont on ne savait pas qui de sa laideur ou de sa connerie était la plus grande.
Limier avait pourtant cru un instant à un confrérie des pas beaux qui allait faire régner la terreur et la vengeance mais voilà qu’a peine créée il allait falloir se séparer d’un de ses membres fondateurs.