L’être humain possède un anus, si bien que cela lui paraît banal, voire inintéressant. Cela est sans doute dû au fait qu’il ne peut voir le sien, contrairement à celui des autres qui semble parfois l’intéresser. On est alors en situation paradoxale puisque le sphincter (qui est un muscle de forme circulaire et qui a pour particularité de s’écarter lorsqu’il se dilate), ce qui est une des nombreuses appellations désignant l’anus, est à la fois une banalité mais également un sujet préoccupant chez l’être humain. Peut-on alors clairement affirmer qu’il est enviable d’avoir un anus ? En quoi sa possession s’avère-t-elle être un atout indiscutable ? Cet atout ne comporte-t-il pas également des limites ? Enfin, bien qu’imaginable, une vie sans anus serait-elle possible ?
L’anus est une partie du corps humain, mais, contrairement à certaines autres parties du corps humain telles que les amygdales ou l’appendice, elle n’est aucunement amovible. Alors en quoi sa possession s’avère-t-elle être un atout indiscutable ?
Tout d’abord, l’anus a pour fonction principale la déjection. En effet, il est la fin, voire le terminus du système digestif, à l’embouchure du gros intestin. Il permet alors de se régénérer en débarrassant notre corps des nombreuses impuretés résultant de l’alimentation. Il est généralement conseillé de déféquer en position assise, l’anus n’étant pas situé de manière très pratique pour le faire debout, tout du moins si on ne veut pas recevoir quelques morceaux de matière fécale sur soi, particulièrement lors d’une épidémie de gastro-entérite. La forme de l’anus permet également, selon la puissance de la poussée, de donner une forme plus ou moins large, voire irrégulière, à ce qu’on appelle couramment le colombin.
L’anus s’avère aussi être un accessoire de toute première importance lors de relations amoureuses ou purement sexuelles. En effet, qu’y a-t-il de plus pratique qu’un anus lors des menstruations, féminines, cela va de soi, ou pour un couple homosexuel masculin ? Dans le premier cas, la pénétration vaginale étant délicate, l’utilisation de l’anus comme porte de secours s’avère nécessaire comme le souligne ce dicton bien célèbre qui dit que « quand les eaux du fleuve sont rouges, empruntes le chemin boueux ». Dans le second cas, le vagin n’existe pas. Certes, il existe les rapports exclusivement bucco-sexuels mais ils provoquent de manière presque systématique une lassitude, c’est pourquoi, une fois de plus, il est utile de recourir à l’anus, surtout que l’écartement dû à la contraction de celui-ci peut s’avérer très agréable autant pour le pénétré, sensible à cette partie du corps, que pour le pénétrant, l’anus, bien que souple, étant relativement serré.
Enfin, l’anus se montre comme un excellent divertissement lors de soirées entre amis ou de cérémonies plus solennelles telles que les enterrements. En effet, lorsque l’on assiste à un enterrement et que tous les proches du défunt sont dans le désarroi le plus total, l’anus permet, grâce à la forte pression atmosphérique intérieure d’illuminer leur esprit en faisant, ce qu’on appelle communément « lâcher une caisse ». Cela leur permet, il est vrai, d’oublier le défunt et d’apporter un peu de gaieté dans leur immense tristesse. Il sert également, lors de soirées entre amis, de moyen de distraction grâce à la diversité des sons et des odeurs qu’il émet, surtout après un bon cassoulet, et donne lieu à des concours, permettant ainsi d’échapper à l’ennui des conversations adultes et ravivant en chacun l’esprit de compétition et amenant ainsi le dépassement de soi. Toutefois, il faut savoir rester modéré pour ne pas en venir au point de ce pauvre Steevi qui s’est écrié dans le loft n°1 « j’ai l’anus en feu ! ».
Nous avons donc pu constater que l’anus s’avérait être un excellent divertissement dans diverses situations. Mais l’atout qu’il représente n’a-t-il pas des limites ?
L’anus, en effet, contrairement à ce qu’on pourrait croire, comporte des risques. Il peut, malheureusement connaître quelques disfonctionnement chroniques. Le plus courant de ces maux est la diarrhée. Cette dernière se montre être un véritable fléau car, si l’on compare l’anus à une porte, elle serait comme un courant d’air de manière toujours imprévisible. Il existe également la constipation, qui est au moins fréquente et non contagieuse mais tout aussi ennuyeuse. Elle constitue le processus inverse de ce qu’on appelle « la courante » et serait alors, toujours dans l’allégorie de la porte, une barricade ou plutôt un verrou dont on aurait malencontreusement perdu la clé. Le troisième de ces maux s’apparente comme le plus redouté, notamment chez les homosexuels de sexe masculin, ce sont les hémorroïdes. Cette anomalie est une petite varice au niveau des veines de ce bon vieil anus et provoque des douleurs plus ou moins aiguës. Le plus embêtant est qu’elles ne permettent plus, provisoirement, à l’individu de s’asseoir. Toutefois, il existe un remède, voire une prévention contre tous ces maux, qui est l’alimentation. Afin de préserver son anus, il est conseillé de se priver de laitages pour éviter les diarrhées, de sucre pour la constipation et de nourritures épicées pour les hémorroïdes.
Bien que pouvant nous apporter des moments de joie et de gloire lors de moments passés avec autrui, l’anus n’est pas toujours perçu sous son meilleur jour. En effet, malgré l’outil très plaisant qu’il est, ainsi que les fortes émotions qu’il nous apporte, il peut malheureusement s’avérer extrêmement gênant, voire nuisible pour l’entourage et pour soi-même. Par exemple, et c’est là le plus fréquent, lors des concours de pets, il y a toujours un ou deux (voire plus) participants qui, en plus du bruit, provoquent des odeurs plus ou moins gênantes. Cela peut se révéler très dangereux, notamment en hiver car il est, à cause du froid, déconseillé d’ouvrir les fenêtres, d’où de nombreux cas d’asphyxie. La deuxième contrainte, fréquente à ces soirées mais possible toute l’année, est le « pet foireux ». Ce dernier est l’association de ces concours, donc du dépassement de soi, avec la diarrhée, toujours aussi imprévisible. Ils sont contraignants car immédiatement sanctionnés par une disqualification résultant du manque d’hygiène, le participant baignant alors dans sa matière fécale, phénomène appelé également « traces de pneus ». Enfin ces concours sont souvent le berceau de la pyromanie, puisqu’à l’aide d’un briquet, l’anus peut se transformer en un véritable chalumeau et peut alors brûler vif le concurrent, surtout s’il a la pilosité d’un Portugais.
Le fait de posséder un anus peut aussi, à son insu, être une incitation à la violence. Au premier abord, cela peut paraître totalement impromptu, or certaines scènes de violence ont révélé que l’anus en était à l’origine, sans affirmer qu’il en était la cause. Ainsi, David a exprimé toute sa violence dans le Loft n°2 en disant « Je t’emmerde avec un grand A... ». Réalisant cette violence, il n’a pas terminé sa phrase, afin de ne pas remettre son anus en question, mais analysant le fait qu’il est impossible « d’emmerder » quelqu’un autrement qu’avec son anus, ce dernier étant la seule issue possible pour cette matière, il est donc clair que l’anus est une source incontestable de violence. Pour en revenir à la pyromanie, n’est-elle pas non plus une forme de violence ? Tous ces incendies forestiers et ces personnes brûlées vives ont effectivement une même origine qui est l’anus. Ce dernier, s’il n’est pas bien maîtrisé, peut provoquer chez l’homme, qui se sent toujours obligé d’en faire plus, une aliénation. Et de la rivalité, peuvent naître des psychoses telles que l’hystérie ou la paranoïa.
L’anus n’est donc pas qu’un bienfait pour l’homme et se montre parfois dangereux pour lui, sauf s’il est en situation d’ataraxie, que seule la philosophie d’Epicure, dite « du jardin » permet d’atteindre. Certains imaginent qu’une vie sans anus serait plus saine. Mais cette vie serait-elle possible ? Quelles conséquences aurait-elle sur l’humanité ?
Une vie sans anus ne serait pas étrangère à de forts troubles ou autres conséquences plus limitées, mais néanmoins inquiétantes dans la société humaine. Le chômage, situation préoccupante de notre société se verrait alors considérablement accru, sans la présence trop souvent discrète de l’anus. L’anus et ses diverses fonctions sont également une source d’emplois. Les pétomanes par exemple ne vivent que de leur anus. Comment rythmeraient-ils nos belles soirées d’été (puisque, souvenez-vous, il est imprudent de le faire en hiver) sans anus ? Et surtout de quoi vivraient-ils ? Cela montre également que l’anus est au fondement d’un art. Mais l’anus permet d’autres métiers, cette fois non pas artistiques mais scientifiques. En effet, les divers maux qui le rongent doivent, comme tout mal, être soignés. Et pour pouvoir soigner un anus, il faut des proctologues, qui vivront de cela et feront également vivre, contrairement à l’art, qui est un don naturel, ceux qui vont les former. L’anus est donc une source d’emplois et par conséquent, un bienfait pour la société humaine.
L’anus a également un fort rôle ethnologique puisqu’il nous a permis de découvrir la vie extraterrestre. En effet, il est le mode d’expression de certaines espèces venues d’ailleurs. Ainsi le paysan Le Glaude a permis, lors d’une de ses excursions nocturnes, et ceci, grâce à son seul anus, d’entrer en contact avec un être qu’il baptisera lui-même « La Denrée » (car fruit de l’anus ?). En effet, c’est en faisant un concours de circonstances avec son ami Le Bombé* et ce fameux dépassement de soi qu’est apparu, à la surprise générale, l’être venu d’ailleurs (de la planète Oxo pour être plus précis). L’anus a donc, une fois de plus, des vertus scientifiques puisqu’il a permis de découvrir l’inattendu. Il a encore permis de créer des emplois, cette situation étant tirée du désormais célèbre film « La soupe aux choux », de par l’engagement des acteurs, et surtout de l’écriture de ce chef d’œuvre culturel dont l’intrigue repose su l’action même de l’anus (pourquoi sont-ce donc des choux ?), qui se montre encore tout aussi efficace, même arrivé à un certain âge.
Pour terminer, l’anus offre à l’homme, en particulier à ceux s’exprimant dans la langue de Molière, un moyen d’expression non négligeable. En effet, l’anus est un excellent moyen, pour ne pas prétendre qu’il le meilleur, d’exprimer sa lassitude provoquée par une personne ou même pour un état d’ennui profond. Ainsi, l’anus permet de manière claire et objective de faire part à quelqu’un de son désaccord ou mécontentement. « Tu me fais chier » est sans aucun doute la phrase la plus significative et montre une innovation car l’anus est désormais contrôlable par autrui. Ensuite, en période d’ennui, on affirme qu’on « s’emmerde », ce qui paraît difficile, à moins de s’établir dans une position particulièrement insolite. L’anus est donc un moyen singulièrement efficace en ce qui concerne l’enrichissement culturel puisqu’il apporte sa présence à des situations inconfortables. Il peut également exprimer l’hésitation entre deux choix à faire. Par exemple, quand on dit « avoir le cul entre de chaises », cela n’est pas en rapport avec la taille du postérieur mais signifie qu’il y a une décision délicate à prendre. Cette expression rejoint un peu la « méthode par provision » exprimée par Descartes dans Le discours de la méthode.
En conclusion, nous pouvons dire que l’anus est un accessoire indispensable à la vie de l’homme. Il permet à ce dernier de pouvoir se purifier de la manière la plus légitime qui soit mais invite également à la convivialité, ce qui manque souvent dans les sociétés occidentales, ainsi qu’aux plaisirs corporels. Toutefois, il nécessite un entretien non négligeable et ne doit pas être laissé à la portée de tous, ceci pouvant comporter des risques. Mais sans l’anus, l’homme perdrait là son principal moyen d’expression, donc une grande partie de sa liberté. Montaigne l’avait déjà compris, et, pour exprimer son refus de l’impatience de la société humaine, s’était exclamé « faudra-t-il bientôt chier en courant ? », cette première action recquièrant un minimum de tranquillité.