Tout s’ébat : on ne peut rien arrêter.
C’est folie que toutes ces giclures, toutes ces bulles qui remontent par tous côtés, cacophonie dont on ne saisit l’harmonie du ballet, dont on ne perçoit le "son intérieur".
Pourtant il est là, dit tout, sans cesse, infiniment...
C’est le chant de la Vie, une Vie qui se crie de joie, qui clame son profond bonheur d’être, l’ébroue par mille vents, comme un infatigable jardinier réinventant sans cesse ses semences, les jetant même là où ça n’existe pas, là où l’absence de germination n’en est pas moins une, une fête, célébration...
Oui, sur un rien se construit tout, formes émergeant instantanément pour s’en retourner, tout aussi instantanément, à son rien d’origine, néant de tous les possibles et inimaginables...
Cet insaisissable je l’écoute, l’entends, le sais, le veux, l’aime, le chéris, lui donne tout, sans concession, quoi qu’en disent les refus et résistances apparents.
Nulle contradiction se déroule là : juste le pas d’un Tisserand que des mains font vivre pour le plaisir de rien, d’aucune création, exposition en perspective.
Conquérante sans voyage, reine sans royaume, la vie part de mille idéaux là où elle sait qu’elle n’arrivera pas, là où il n’y pas de but, là où rien n’est nécessaire ou à trouver, ce rien dont elle s’est inventée l’oubli, placé au plus profond de tout, là où, par trop "proche", ne lui viendra pas le loisir de le reconnaître, toucher, serrer... infiniment contre elle.
Oui, la vie n’est que dans des bulles qui éclatent sans arrêt de partout, étant "déjà ailleurs" à peine saisie, touchée, infatigablement, comme pour nous montrer que la manifestation en est "déjà son cœur", toute chose éphémère, déjà son éternité.
Le paradoxe est sa façon d’aimer, de la trouver au-delà du bien et du mal, du bon et du mauvais, du oui ou non ou je veux ou ne veux pas... vivre !