La Liberté est elle compatible avec l’égalité ?
A l’entrée des camps d’Auschwitz une phrase était inscrite qui se passera de commentaire : “C’est le travail qui libère” .
Primo Levi, qui y fut déporté, témoigne dans son beau livre La trêve : “L’heure de la liberté eut une résonance sérieuse et grave et emplit nos âmes à la fois de joie et d’un douloureux sentiment de pudeur” . Confusion des sentiments et identités des souffrances nous rappellent que la définition de la liberté et de l’égalité n’est pas chose aisée. Jamais le monde n’a connu autant de bouleversements depuis la seconde guerre mondiale et jamais la référence aux droits de l’Homme n’aura été aussi gravement présente. Pourtant si les notions de Liberté et d’Egalité font la “une” des journaux, la volatilité des événements ne nous déssaisit-elle pas de leurs enjeux cachés ?
On serait tentée d’opposer ces deux notions : une société peut-elle se fonder sur la protection des libertés individuelles au risque de favoriser l’émergence d’inégalités ? Doit-elle au contraire niveler les différences et s’attendre à plus ou moins court terme à une extinction des initiatives privées ? Y a -t-il une association possible et naturelle entre des concepts aussi contradictoires ou une prééminence de l’un par rapport à l’autre ? La Liberté est elle compatible avec l’Egalité ?
Il est difficile de définir ce qui constitue la jouissance de la liberté. Le constat que cette notion reste inconnue ou bafouée dans certaines régions du globe nous ramène aux privilèges qui sont les nôtres au quotidien. Les seuls faits de naitre en Europe plutôt qu’en Afrique, de savoir lire et écrire, d’avoir accès à la pensée de l’humanité, creusent un peu plus le fossé qui nous sépare les uns des autres, créant des disparités qui font obstacle à l’expression des libertés mais aussi au partage de nos différences . On peut donc poser en préambule à cette réflexion que la nature dispose chacun de nous à être plus ou moins libre et que l’inégalité naturelle entre les êtres s’exprime avant tout dans leur capacité à jouir de leur liberté.
Ou pour le dire autrement , que les jouissances disparates de la liberté sont un symptome de l’inégalité naturelle. D’où l’on peut conclure que l’inégalité est antérieure à la liberté et qu’elle fut peut être le moteur essentiel de sa conquête, celle de la société dans l’histoire mais aussi celle de chaque individu pour lui-même.
L’expérience intérieure que j’ai de ma liberté est en effet chose complexe : le lent travail de la psychanalyse est exemplaire du trajet souterrain que doit accomplir un être avant de se sentir conscient puis libéré de son histoire et maître de son projet de vie.
Dire que l’on est “libre de faire quelque chose” relève d’une autorisation que nous aurait délivrée une instance supérieure. C’est en même temps être privés d’autres droits, mais cette entrave à nos désirs spontanés nous permet paradoxalement de nous approprier pleinement l’espace que nous autorise la loi.
Se sentir libre, c’est être tout simplement réconcilié avec soi-même, dans un acquiescement à l’existence proche de la béatitude. Pourtant, Sartre nous dit qu’il ne s’était “jamais senti aussi libre que pendant l’Occupation”. Il semblerait donc que lorsque l’on est en situation de devoir reconquérir sa liberté perdue, la conscience qu’on en a en devient plus aigüe.
Trop de liberté autorisée en rend la jouissance compliquée, sinon impossible : un minimum de contraintes maintient en alerte les aspirations à un idéal. Tout cela cerne les ambiguïtés de cette “difficile liberté” qui ne prend tout son sens que dans une société où nos actes ont des conséquences pour les autres. Cette responsabilité qu’entraine l’usage de nos libertés, fussent-elles restreintes, en soulignant les liens qui existent entre droit et devoir, précise peut-être ceux qui rapprochent Liberté et Egalité. Est-elle inscrite dans l’universelle pensée humaine ?
Si l’on s’en tient aux relations historiques de ces deux notions , on se rend compte que l’idée de liberté est présente dans la philosophie des origines et celle d’égalité entre les hommes d’extension relativement récente. Certes, le sacrifice du Christ racheta indifféremment tous les hommes et la notion de fraternité, donc d’égalité devant un Père, date de 2000 ans. Dans les faits et dans la plupart des sociétés traditionnelles, la notion d’égalité était et est encore inexistante. Elle n’empêchait pas pour autant ces sociétés de fonctionner. Tout homme, quelle que soit sa condition ou sa naissance avait, et a encore parfois, par la fonction qu’il occupait au sein même du groupe, une identité, une valeur, une utilité. En Afrique Noire, le lépreux ou le fou, quoique marqués dans leur chair et leur âme sont respectés de tous car on associe leur différence à un lien privilégié avec “l’autre monde”, celui des esprits dont la présence vivante imprègne encore ces sociétés artificiellement occidentalisées.
On peut noter d’ailleurs que les valeurs de ces groupes humains étaient d’autant plus fortes que la notion d’égalitarisme en était absente. Omniprésence du ou des dieux, solidarité de la famille du début à la fin de la vie rythmaient les saisons et les jours et compensaient les aléas de l’existence. Pourtant, le pouvoir exercé sur les autres témoigna bien de la disposition de quelques uns à commander et du plus grand nombre à obéir. C’est par un long cheminement que la philosophie politique dénonça cette injustice qu’il y a à instaurer la puissance et les libertés sur des différences natives et s’attacha à rectifier les inégalités de nature.
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On dit souvent que la liberté de l’un s’arrète là où commence celle de l’autre. Or, s’ il peut être aisé de définir qui sont “l’un” et “l’autre”, le “là” où leur espace fait frontière est plus difficile à trouver. D’ailleurs, les critères qui permettraient de savoir à partir de quel moment des inégalités sont inacceptables sont tout aussi flous. En quoi consiste l’inégalité ? Si nous lisons Rousseau, les hommes naissent inégaux dans leur force physique, leur capacité à s’interroger sur le monde, surtout dans leur disposition à quitter leur condition : “ Tout homme né dans l’esclavage nait pour l’esclavage, les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu’au désir de les quitter." Nous sommes très dissemblables devant le processus libérateur, et seul le pacte social, en transmuant le sujet en citoyen peut gommer ces injustices. La loi postule donc la liberté et fonde l’égalité : nous sommes libres parce que soumis aux lois qui sont des “registres de notre volonté”.
La loi est certes une contrainte mais loin de nous faire perdre nos libertés, elle nous fait en disposer à égalité avec autrui : “Chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous” . En outre, “Ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle, (...) Ce qu’il gagne, c’est la liberté civile,(...) et la liberté morale qui seule rend l’homme vraiment maître de lui.” .
La dignité humaine et son autonomie se fondent donc pour Rousseau (comme pour Kant, d’ailleurs) sur la capacité à se déterminer en fonction d’une volonté morale.
Pour Spinoza, grand et doux penseur de la chose politique, la liberté est le fruit de la Raison : “ Le but final de l’instauration d’un régime politique (...) est de libérer l’individu de la crainte. (...)Après quoi, ils seront en mesure de raisonner plus librement, ils ne s’affronteront plus avec les armes de la haine, de la colère, de la ruse, et ils se traiteront mutuellement sans injustice. Bref, le but de l’organisation en société, c’est la liberté !” ( Spinoza, Traité des autorités théologiques et politiques).
En adhérant aux lois, le citoyen renonce “au droit d’agir selon son propre vouloir, mais n’a rien aliéné de son droit de raisonner ni de juger”.. La Liberté ne peut se réaliser que dans d’un Etat tolérant et fort à la fois, qui travaille à ce que chacun dispose de ses facultés de penser par lui-même et de traiter d’égal à égal avec les institutions, qui a la lucidité de renoncer à toute tentation oppressive : “Que deviennent l’efficacité des lois dirigées contre les opinions, elles atteignent non les scélérats, mais les individus épris de droiture”.
La liberté est affaire de raison , de tempérance et de confiance de la part de l’état et de citoyens. Et parce qu’ “Il n’y a rien de plus utile à l’homme qu’un homme” (Spinoza,L’Ethique, prop. XXXV, Cor. 1, livre IV) puisque “la fidélité de chaque homme envers la communauté publique ne saurait se prouver que par sa charité à l’égard du prochain”(Spinoza Traité Théologico-politique, p. 315), les inégalités de nature se résolvent dans l’altruisme et la solidarité. Cet idéal de société, ce modèle à consulter encore et toujours ne pourraient se réaliser qu’avec des citoyens et dans une société parvenus à l’àge adulte, ayant fait le deuil de leurs illusions et maitrisé leurs passions.
Le philosophe qui nous intêresse maintenant ne s’est jamais quant à lui particulièrement inquiété du politique , mais le fait que Descartes ait fondé la libération du sujêt sur la connaissance méthodique reste d’actualité en ce domaine. Seul le savoir peut permettre à chacun de nous de dépasser les inégalités inévitables liées à la naissance. La liberté est un processus qui s’inscrit dans toute l’histoire d’un individu, elle est une quête personnelle dont on prend conscience à l’age adulte. On oublie parfois qu’elle se construit sur les acquis de la petite enfance, cet âge de la vie où l’humain est le plus naturellement et le plus égalitairement curieux de nouveauté .
Les réflexions des philosophes nous semblent en première lecture se situer toujours au-delà de la réalité tangible, être pures spéculations de penseurs qui, ayant accompli leur révolution intérieure et étant par nature portés à ne pas se laisser dominer par leur passions, le sont tout autant , et sans effort, à ne point dominer autrui. Ce serait oublier qu’elles ont modelé notre société, qu’ elles y ont provoqué parfois des seismes, et qu’elles sont la bases des institutions et des valeurs de la plupart des pays du globe.
Pourtant, ce qui dans les cultures traditionnelles reposait sur une sorte de fatalisme naturaliste a été remplacé par une organisation quasi scientifique de la société assortie d’une perte des liens sociaux. La mort y est aseptisée, les différences tolérées et anesthésiées, les libertés tellement invisiblement présentes que l’on en oublie qu’avant d’être des réalités, elles ont été des concepts philosophiques. Le fait de les revendiquer ne doit pas se faire au détriment d’une réflexion sur leur racines et leurs enjeux.
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Quel est l’enjeu caché de l’association des termes “Liberté” et “Egalité” ? Tout simplement celui d’un choix de société. Et nous sommes confrontés alors à deux visions politiques et économiques diamètralement opposées. Celle d’une société ultra-libérale privilégie l’initiative personnelle et les talents singuliers afin de susciter la libre concurrence. Ce choix pour effet pervers de favoriser à moyen terme les inégalités et de renforcer celles qui existaient déjà car il est des êtres que le risque stimule, d’autres qu’il paralyse. Le système libéral porte donc en lui même ses propres bornes. Les difficultés auxquelles il se heurte sont celles d’un équilibre raisonné entre initiative privée et intervention de l’Etat. D’autre part, il lui faut réunir un certain nombre de conditions culturelles et économiques qui puissent compenser le risque de “fracture sociale” dont notre époque peut témoigner.
La culture est structurante et son absence ou simplement ses limites abandonnent sur le bord de la route tous ceux que la vie dispose, d’échec en rupture, à attendre sans grand espoir un secours, peut-être illusoire, d’un Etat providence .
Or, la mission de l’Etat n’est ni de raser tout ce qui dépasse, ni de répondre dans l’urgence aux détresses qui s’accumulent, mais de penser des structures éducatives et sociales crédibles et accessibles à tous. L’etat démocratique libéral règle-t-il sereinement les problèmes de répartition des biens et d’écologie humaine qui se posent à lui ? On peut en douter quand on voit se creuser le fossé qui sépare ceux qui vivent et ceux qui peinent à survivre.
Opter pour une société complètement égalitaire -dont on sait bien qu’elle est utopique- se ferait au détriment des initiatives et de l’inventivité personnelle. A terme, le refus plus ou moins clairement avoué des différences, dans une confusion totale entre égalité et identité, aboutit au même résultat que le système libéral. Tocqueville dans son ouvrage visionnaire “De la Démocratie en Amérique” nous fait part de ses craintes pour un avenir qui est devenu entre temps notre présent.
Nous pourrions citer in extenso cette œuvre d’une finesse et d’une justesse si pénétrantes , nous nous contenterons avec regret de quelques phrases : “L’individualisme est d’origine démocratique, et il menace de se développer à mesure que les conditions s’égalisent.” (Livre II p.125). “Ce que je reproche à l’égalité, ce n’est pas d’entrainer les hommes à la poursuite des jouissances défendues ; c’est de les absorber entièrement dans la recherche des jouissances permises. Ainsi il pourrait bien s’établir dans le monde une sorte de matérialisme honnête qui ne corromprait pas les âmes mais les qui les amollirait et finirait par détendre sans bruit tous leurs ressorts.” (p 167).
Puis, “Je pense que l’espèce d’opression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédé dans le monde.(...) Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs.(...) S’il leur reste une famille, on peut dire du moins qu’ils n’ont plus de patrie.(...) Au dessus d’eux s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur jouissance et veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier , prévoyant et doux... Que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?” (p. 385).
Projection pessimiste qui rejoint les pires scénarios de science fiction. En privilégiant les aspirations matérielles et individualistes la démocratie égalitariste disloque les liens sociaux , entraine une perte du goût pour l’initiative et même la révolte, et pour finir une désaffection de l’engagement politique, laissant toute latitude à un Etat libertaire de se retrouver despote sans même l’avoir espéré. Il faut répéter que là où disparait la liberté d’entreprendre disparait aussi celle de penser et de se dépasser ; que si nous ne nous dépouillons pas de nos culpabilités sournoises vis à vis de la notion de talent, de progrès personnels et de réussite, nous prenons le risque de mettre en place une société sans épaisseur , sans ambition et sans bonheur, peut-être. L’echec des sociétés communistes ne tient-il pas en partie au fait qu’elles n’ont pas su prendre en compte le besoin de risque et de questionnement qui est constitutif de l’humain ?
S’il fallait résumer ces deux visions du monde, on pourrait dire avec N. Grimaldi que l’une associe “la liberté à l’identité, l’autre à la différence. L’une la reconnait dans l’adhésion à une universelle réconciliation, l’autre dans la spontanéité d’une irréductible particularité.” (N. Grimaldi, Ambigüités de la liberté, p. 22).
Pour autant est-il utopique de faire coïncider ces deux notions ? Leurs enjeux contradictoires n’empêchèrent pas les pouvoirs successifs d’inscrire ces deux termes dans notre devise. On peut se demander cependant si le seul Etat peut prendre à son compte la volonté morale collective et individuelle qui sous-tend ce rapprochement.
Si nous quittons quelques instant le champ sémantique de la philosophie pour celui de la géométrie et comparons la Liberté et l’ Egalité à des objets mathématiques, nous pouvons dire que la Liberté s’apparente à une verticale dans son mouvement libérateur et ascensionnel. Que d’autre part, l’Egalité est horizontale dans son souci de donner à chacun les mêmes droits.
Où ces deux droites peuvent-elles bien se rencontrer ? Le troisième terme qui orne le frontispice de nos mairies pourrait bien être, à défaut d’un point de section, un espace de réconciliation.
Ces notions ne seront viables et compatibles que dans une communauté soucieuse des richesses que génèrent les différences et d’une définition précise de l’égalité de droit. Le choix d’un républicanisme social et critique, semble un compromis acceptable, étant entendu qu’une société totalement égalitaire reste un horizon illusoire. Sachant aussi que l’effondrement du bloc communiste prive les sociétés libérales d’un contrepoint idéologique salutaire et les laisse livrées à elles mêmes...
Sartre nous a maintes fois répété que nous étions totalement libres donc complètement responsables. Au terme de notre reflexion nous sommes obligés de constater que trop de liberté tue la liberté ou du moins son désir. Que la confusion entre égalité et identité nous éloigne les uns des autres et nous prive de rencontres novatrices. Il reste plus facile de verser une obole à un organisme caritatif que de se déplacer dans un hospice et plonger son regard dans celui , lucide donc désespéré , d’un vieillard en fin de vie et que l’on a décidé d’accompagner.
Avec une lucidité dont on ne peut réfuter ni l’à-propos ni le courage, A. Finkielkraut stigmatise cette société où la souffrance d’autrui devient spectacle bien ordonné et sur commande, et où “Le vertige humanitaire ...camoufle des intentions venimeuses : celles d’en finir avec l’admiration et de n’envisager de l’humanité que son modèle souffrant” ( Insaisissable fraternité, p.22-23). “Je ne crois ni possible ni même souhaitable la fusion de cette pluralité en je ne sais quelle communauté amoureuse” (Op. cité, p.18).
Le protocole compassionnel nous permet de résoudre à peu de frais notre désir de partage et notre répugnance pour la proximité immédiate de la souffrance d’autrui. Il est d’ailleurs remarquable que la tendresse sans limites de Spinoza pour le genre humain et l’agacement un peu excessif que celui-ci inspirait à Nietzsche les aient tous deux conduits à ce refus de la compassion : ”Celui qui est facilement affecté de commisération et ému par la misère ou les larmes d’autrui fait souvent quelque chose de quoi plus tard il se repent” (Spinoza, l’Ethique p. 267) . Ou bien :”La pitié s’oppose aux affects toniques qui élèvent l’énergie du sentiment vital : elle agit d’une manière dépressive. On perd de la force quand on éprouve de la pitié.”(Nietzsche, L’Antéchrist,p.49)
Ne nous trompons donc pas de vocabulaire, l’égalité n’est pas l’identité ni l’uniformité, elle n’est pas non plus communion ingénue et narcissique à la totalité du genre humain. Elle ne doit pas être non plus assimilée à de la tolérance, ce mot détestable qui porte en lui tous les ghettos du monde . Elle ne se définit que dans une équité de redistribution des chances à devenir librement ce que l’on est . La première des libertés n’est-elle pas de pouvoir croiser en toute confiance et avec dignité le regard de l’autre ?
La Liberté et l’Egalité sont-elles compatibles ? Oui, si nous sommes conscients que derrière cette question s’en cache une autre : la Liberté et l’Egalité sont elles désirables et pourquoi ? Parce que nos libertés individuelles ont spontanément tendance à empiéter les unes sur les autres et que, au risque de répéter une évidence , seule l’égalité des droits peut garantir l’espace vital et les intêrets de chacun . Elle est le prix de la paix civile. Par dessus tout, parce que toutes les vies humaines ont en commun un caractère d’unicité qui les pose comme strictement égales et toutes tendues vers leur réalisation dans les meilleures conditions possibles. Ceci dit, les résolutions sont affaire politique et sont donc aussi notre affaire. Gardons le souci d’y travailler .
Aussi violent que soit le propos, nous ne naissons pas égaux et ne le seront jamais . Nous devons cependant nous obstiner à tendre vers un idéal juridique et social qui s’offre en outre le luxe de faire l’éloge de la différence. La démocratie libérale estt un modèle actuellement sans concurrence . Elle est cependant à bout de souffle et porteuse de dangers et de désespoirs. L’absence d’opposition idéologique forte l’autorise à suivre son chemin mais on a le sentiment que celui-ci ne se trace sur aucun projet humaniste . Celui-ci suppose une redéfinition des priorités, permettant à chacun d’éclore de ses potentiels singuliers et de ses responsabilités afin de trouver librement sa place dans la cité.
Tocqueville ne nous dit-il pas : “Il faut que les gouvernements s’appliquent à redonner aux hommes ce goût de l’avenir”, puis pour conclure son ouvrage : “Ayons donc de l’avenir cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, et non cette sorte de terreur molle qui abat les cœurs et les énerve”.
A méditer.