Le peintre prend ses pinceaux, ses couleurs, il se positionne devant la toile blanche et pose ses teintes, les travaille ou bien encore les laisse ainsi à l’abandon à leur destin d’entrer ou non en contact avec d’autres, dans des arabesques unicolores, multicolores, uniformes, variées, des lignes courbes, arrondies, planes, des traits rectilignes, croisés, parallèles et cela forme un tout que l’on appelle un tableau.
A chaque époque, des styles différents se sont révélés, épanouis, ont vécu puis disparu. Chacun a laissé une empreinte de son époque, un témoignage de la pensée.
Mais de quelle pensée ? Celle de l’auteur de l’œuvre ou bien de celui qui essaie de la décrypter en transformant les couleurs en lettres, les formes en mots, leur cheminement en phrases. Chaque tentative d’interprétation n’est ni meilleure ni moins bonne qu’une autre. Elle éteint simplement la lumière du rêve.
La lumière du rêve est ce qui, lorsque l’on chemine dans une exposition éclaire d’un flash telle ou telle peinture plutôt qu’une autre. Elle arrête nos pas, nous statufie et si nous sommes ouverts à son appel, elle nous emmène par la main au pays des rêves, par forcément celui du peintre, mais est-ce le plus important ? L’auteur a peint ses sensations, nous en percevons d’autres, mais le résultat est le même, une évasion de l’instant présent vers un ailleurs irréel.
Il n’y a pas d’âge pour rêver, pas de peinture plus qu’une autre pour se laisser emporter.
L’esprit de l’art est en toute œuvre et il sommeille en chacun de nous.