Encore rêvé de Nadine. Nous avions de la distance alors puis, cette distance s’est estompée au fil du rêve, nous ramenant à une presque sexualité, avec, cependant, toujours cette distance et méfiance entre nous.
ça m’a chamboulé, bien sûr, et, là encore, je suis mort, mort de tout, mort de vivre, mort d’être, d’être ici dans ce monde pourri et si mensonger : la grande arnaque quoi !
Là je suis un peu moins décrépit, le monde se chargeant de me remettre sur le rail de l’adaptation, de gommer ces fameuses traces laissées pas la "nuit".
Car je n’ai le choix que de faire avec, comme je n’ai eu le choix de faire sans.
Tout nous reprend sans cesse, comme si c’était indispensable qu’on reprenne "l’ouvrage" là où on l’avait si mal laissé.
Ainsi ne fais-je pas exception, et me remets en route doucement, sans trop comprendre ou savoir à quoi ça sert.
Plus rien ne badine : je suis "brut de chez brut", plat dans les mots et pensées, face à la vie, pour ne pas dire... acerbe.
Tout le venin ressort et gicle indifféremment, ça et là.
Quelle importance, en effet : on va pas me dire ou me faire croire que "la vie est un gros con-te de fait" !?
Ces comptes là, j’en ai soupé, en revient pour mieux en revenir d’y être retourné.
Oui, la joie n’est pas au beau fixe, c’est entier, et qu’importe le chaotique ou déglingué du présent récit : je n’ai plus rien à perdre à présent et... la vie est ce qu’elle est, ni bonne ni mauvaise, que je me sente mal ou pas, le dise ou reconnaisse pas.
Au moins, ce que j’aime, c’est que je me fous de ce qui s’écrit, que ça redevient libre... de tout, affranchi du regard de l’autre et tout ce qu’on peut échafauder autour de lui.
Parfois j’aimerais tout détruire, conscient que je ne détruirais alors rien... de significatif, rien qui vaille qu’on le maintienne encore debout !
Alors : que tombe ce qui, de toute façon, ne tient pas debout !!
Que ma carcasse subisse ce qui n’a pas d’importance et en crève jusqu’à renaître... Enfin !
Je ne veux plus de loi et de tous ces machins qui prétendent nous dire la vie !
Au diable le merdier de nos repères, certitudes et avancements !
Aujourd’hui, ma bonne amie la mort frappe, juste et précise, comme toujours !
Je l’aime pour ça : elle ne badine pas, elle, au moins ; va droit au but, fidèle à faire pâlir les plus grands assurés !
Car qui peut dresser un quelconque bouclier face à elle ?
Qui a "les moyens" de lui dire d’aller se faire foutre, d’aller jouer aux billes avec les enfants de sa rue, de repasser plus tard ?
On peut se croire certaines choses, ici-bas, mais devant l’Insaisissable, ...?
Alors oui, douce mort, tu as raison : chamboule-moi jusqu’à ce que je retrouve la "richesse du tout perdre", jusqu’à ce que le con que je demeure disparaisse à tout jamais de sa connerie !
Oui, même dérangeante, voire surtout : tu restes ma meilleure alliée, les yeux les plus perçants que je connaisse, la vie la plus vraie que je puisse toucher !
Tout cela n’a pas d’importance, et le rêve est bien là où il doit être, disparu avec la nuit, comme tout doit disparaître avec l’existence, ce qui, par dessus tout, il nous faut probablement nous rappeler, apprendre, reconnaître et, enfin, "laisser" nôtre ?
Pleurais-je ainsi de joie, sans le savoir ?
Serais-je plus qu’à l’accoutumée, sans le voir ?
Sûr que le voile déchiré fait mal, peur, trouble, paradoxalement, tout !
Tu m’as appris le paradoxe, et cela m’a permis de rester ouvert, de ne pas m’arrêter aux choses en les croyant figées ou ce qu’elles paraissent !
La contrepartie est dans tout, et rien n’est ni blanc ni noir, même si on s’évertue à les disséquer !
Le voilà ainsi le trouble : se croire coupé en 2 alors que tout est 1, le demeure en son au-delà !
Sans cesse, la vie me fait passer par les marécages pour en savourer l’écume, pour me montrer et remontrer la beauté de toute chose, même la plus innommable ou indescente !
Je savoure alors, je le sais, si "proche" de ce que je m’efforce tant de fuir, si vivant en ce que j’interprète alors comme de la mort, de la souillure ou du niet’ !
Ici, quand tout est dévisagé, reste alors une intimité crue avec la vie, un amour qui se joue sans fard et sans distance, aussi chaud qu’apparemment froid, plein qu’apparemment vide, différent qu’apparemment indifférent !
Là où je crois n’être plus rien, d’un coup je réalise que je suis tout, pas la misère cachée derrière la richesse mais la richesse cachée derrière la misère !
ça calme, fait retomber, et finit par faire dire, ou s’avouer : "vive tout !", sans discrimination aucune entre vie et mort, pardon ou non, amour et contraires !
Spontanément,
Paskal.