Ne plus lutter ; vivre avec la conscience que rien ne nous appartient, pas même nous-même, notre corps, ce que, a priori, la vie fait de "nous", met sur "notre" chemin...
Vivre dans le regard d’un jeu qui constamment se balaye, se renouvelle... pour disparaître à nouveau, indifféremment d’un soi ou chose quelconque à (absolument) maintenir en vie ou mener quelque part.
Vivre dans le dépouillement le plus total, sans plus de regard pour le "consistant de soi", quoi en faire, quoi en maîtriser ou comprendre ou savoir.
Vivre comme si tout n’était "que" manifestation, mouvement de formes rattachées à rien de précis ou particulier, comme un bâteau sans port, insoucient du mouvement des vagues sous lui, de la couleur du chapeau du moment, de la corde qui le maintient ou le laisse partir, de l’état dans lequel il est et celui dans lequel il sera ou pourrait être, du "qui le conduira où ?"...
Vivre comme si tout était "égal", une chose pas plus ou moins qu’une autre, une direction pas plus enviable, prometteuse ou méritante, qu’une autre.
"Vivre sans plus attendre", dès maintenant, là, avec ce qui se présente, comme un amoureux fou des mille visages de sa Belle ou de son Beau, offert sans négoce, tergiversations ou compromis.
Vivre dans le plaisir de lâcher, tout accepter, tout reconnaître comme la vie sous ses plus beaux atours, déchirante de lumière et d’évidence, de caresse, de surprise, d’inexploré, d’inconditionnel.
Vivre "qu’à bras ouverts", sans verrou, sans rien pour les refermer, rien à serrer ou déployer, libérer ou étouffer, faire ou refaire, retenir ou dissoudre.
Vivre dans le bonheur de "n’avoir pas à être, devenir, mériter, conduire, doubler, écraser, courir, se battre, chercher, trouver, vivre ou mourir.
Vivre sans peur de perdre ou posséder, d’avoir ou ne pas avoir, changer ou ne pas changer, être ou ne pas être.
Vivre au-delà du regard de la division, du séparé apparent, d’un cœur "individuel" pour "chaque chose", d’une main individuelle à chaque bras, d’un amour "propre" à chaque "personne".
Vivre comme si tout était bon, toujours, à sa place, visage d’ami ou d’ennemi, de oui ou de non, de vrai ou de faux, de peut-être ou on verra bien.
Vivre comme si vivre n’existait pas, n’avait plus d’importance, pas à être un défi ou une préoccupation : mourir, pas davantage.
Spontanément,
Paskal