Tous ceux qui ont quelque chose à démontrer, des croyances à propager, une doctrine à imposer, des idéologies à inculquer, des principes de vie à prescrire, une cause à défendre, en quelques mots, tous les adeptes d’un prosélytisme qui ne souffre pas la contradiction et, a fortiori, tous les fanatiques, peuvent facilement se laisser prendre au piège de leur propre aveugle conviction qui les conduit aux pires erreurs et, parfois, horreurs dont toutes les époques témoignent.
De façon très raccourcie, on appelle cela de l’intolérance. Mais ne pas la tolérer, qu’est-ce donc ?...
Ainsi, décréter qu’il faut se méfier de tout dogme, c’est encore vouloir convaincre et donc être sectaire : un dogme de plus.
Toutefois, cette affirmation est elle-même suspecte.
Le dire, c’est aussi et toujours vouloir démontrer et ainsi de suite, comme deux miroirs face-à-face qui se renvoient à l’infini une image et son envers, telle l’affirmation de Nietzsche.
Histoire sans fin qui s’accouple à l’absurde.
Toute pensée contient sa propre contradiction. Y compris celle-ci !
Lorsqu’on dit que ce sont les doutes et non les certitudes qui font avancer, si c’est une certitude, elle ne fait guère avancer et on peut donc en douter ! Paradoxe de toute démonstration qui engendre sa propre négation.
Il n’est donc pas très difficile de démonter une théorie philosophique aussi brillante soit-elle car celui qui l’a conçue était habité par une croyance, une intime conviction, y compris l’agnostique.
Peut-être que seul l’art qui se contente de traduire des émotions sans vouloir convaincre échappe à cette grimace de l’esprit, une telle affirmation étant, par définition, sectaire et ainsi de suite …