Petit à petit au fil des jours, mes mots trouvent de moins en moins le chemin vers les autres.
Entendus, non écoutés, ils sont jugés, condamnés, inutiles, futiles, sans fondement. Ils ne riment plus dans la valse de leur vie. Les discussions déprimantes finissent toujours de la même manière, et je continue à descendre la pente lourde de ces mots dont même l’écho ne veut plus.
Ma vie à moi n’est plus. Elle ne sera jamais plus. Ainsi en a décidé le destin sous la forme d’un crustacé insidieux et dévastateur, il y a plusieurs années, quand le mot avenir avait encore un sens.
Chaque journée est jalonnée de nombreux combats dont il faut tous les jours accepter l’issue au risque de perdre la raison.
Si j’exprime ma souffrance de ce semblant de vie que je n’ai pas choisi, ceux qui se plaignent de leur quotidien, de leur situation familiale dont ils sont maîtres de changer s’ils le souhaitent, soupirent en silence, s’expriment ailleurs car ils n’ont pas le courage de me le dire en face " elle est sans cesse en train de se plaindre". Mais eux ne le font-ils pas ?
Mon bras s’est alourdi, mes doigts ont laissé échapper le crayon à mon insu, le soleil perce les nuages, je remets mon masque et referme cette parenthèse pathétique.