Je suis stupéfaite face à notre jeune génération que je fréquente quotidiennement dans le cadre de mes cours.
Cette semaine, voulant présenter "De la Terre à la Lune", un roman de Jules Verne, à l’une de mes classes, je me suis heurtée au scepticisme de mes élèves. Je leur avais dit, en effet, que l’auteur était un visionnaire qui avait inventé dans le cadre fictif cette possibilité d’envoyer un projectile sur le satellite lunaire et que cela s’était matérialisé par une présence humaine au XXe siècle. Mais, chose extraordinaire : la majorité de mes élèves, tout de même âgés de plus de vingt ans (entre vingt et vingt-cinq ans) m’ont clairement signifié qu’ils ne croyaient absolument pas au fait qu’on avait envoyé des hommes sur la Lune...
J’ai dû beaucoup insister pour les convaincre, arguant surtout du fait que j’étais enseignante et non comédienne. Je n’étais pas là pour les distraire, mais bien là pour leur inculquer quelques savoirs...
Leurs arguments étaient assez drôles, sur le coup, mais cela ne me faisait pas rire en profondeur, car ils étaient sûrs d’eux et remettaient complètement ma parole en question. Ils me disaient, par exemple, qu’aujourd’hui on peut leur faire croire n’importe quoi avec les techniques modernes. Ils avaient bien vu des images, mais elles étaient fictives, à leurs yeux.
J’en ai conclu qu’ils étaient si nourris de films à effets spéciaux et de virtuel qu’ils n’étaient plus à même de faire la part des choses entre fiction et réalité, ce qui est bien déroutant.
J’ai même eu affaire à un jeune qui avait fait une année de faculté de géographie... Ce dernier était aussi sceptique que les autres... C’est tout de même grave, non ?
Je n’en reviens toujours pas, car je ne suis pas parvenue à les convaincre. Et comme j’interviens aussi en Histoire-géo, cela me pose sérieusement problème. J’espère que je n’aurai plus jamais affaire à une contestation d’un fait historique avéré.
Je sais qu’il n’y a pas lieu de généraliser, car je suis surtout confrontée à des jeunes en difficultés pour leur majorité. Mais tout de même, où va-t-on ? C’est un peu la question que je me pose.