Un jour l’homme décida de visiter les exoplanètes, jusqu’à trouver une vie intelligente et, pourquoi pas, des créatures faites à son image.
Depuis la fin du 20e siècle, plus de 15 000 planètes, théoriquement habitables selon l’équation de Drake, avaient été identifiées. Certaines -beaucoup - abritaient à coup sûr la vie, au sens que l’on donne habituellement à ce terme : un rapport actif et, parfois, « conscient », au monde. Aucune preuve tangible de vie intelligente n’avait pu cependant être découverte. Mais « l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence », disaient les exobiologistes. Argument irréfutable comme tous les arguments sans portée.
Mais la plus proche de ces planètes -Epsilon Eridani b- se trouve à 2 millions d’UA, soit 11 années -lumière. Les vaisseaux les plus « rapides » du 20e siècle auraient mis 50 000 ans à l’atteindre ...
Insupportable défi !
PREMIER ACTE : LES ANNEES D’AVANT
Alors, l’homme inventa.
Il inventa d’abord des voiliers solaires aux voiles immenses et pellucides, poussés par la lumière, mais qui échouèrent sur les îles de l’espace car, s’éloignant de la source du vent solaire, ils ralentissaient inexorablement. Une société privée fut alors mandatée par le Conseil d’administration mondial, présidé par William Gates IV, en 2098, pour construire un hyperlaser alimenté par le soleil et une mégalentille de 980 kilomètres de diamètre destinée à focaliser le rayon de façon à réduire les pertes d’intensité liées à la distance.
Un accident regrettable se produisit, car la lentille en construction mis le feu à la forêt d’Amazonie... L’augmentation qui s’ensuivit de l’intensité des rayons UV frappant la population eut des effets désastreux : le nombre de cancers de la peau quadrupla en 6 mois. La société fit faillite et ses actionnaires furent indemnisés par les impôts levés sur les rescapés.
Le Président du CA mondial présenta ses regrets et rappela « qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs », sous les applaudissements du Conseil d’administration, tandis que les robots policiers désintégraient quelques manifestants.
L’homme inventa encore.
Il eut bien entendu recours à la fusion thermonucléaire contrôlée, par confinement inertiel, dans le cadre du projet Daedalus 2, que chacun de vous connaît. Ce fut presque un succès.
La principale difficulté était de trouver suffisamment d’hélium 3 et de deuthérium pour servir de combustible -au bas mot 50 000 tonnes pour atteindre Epsilon Eridani b. La solution la plus évidente était de s’alimenter au réservoir des planètes géantes de type jupitérien qui bordaient la route du vaisseau : leur atmosphère en regorge.
Ce qui fut fait ; et Dédale, le vaisseau atteignit comme prévu la vitesse de 0,1 c qui devait lui permettre de toucher au but en quelques dizaines d’années de temps terrestre, laissant loin derrière lui un Jupiter un peu amaigri.
Mais ... car il y a toujours un mais ... Les stations-services interstellaires se mirent en grève, l’une d’elles du moins ... Touchée par une comète géante, Zeus III explosa de façon imprévue et Dédale dut l’éviter pour échapper à la destruction ... Dévié de sa route et en panne sèche, il flotte toujours, 250 ans après, sur la mer sidérale. C’est lui que l’on appelle le « Tombeau volant » depuis le spectacle intergalactique à succès financé en 2123 par la New-MGM.
L’homme se remit donc au travail, car l’homme est ainsi fait que rien ne doit l’arrêter.
Puisque la matière le trahissait, il aurait recours à l’anti-matière. Comme le montre l’équation du poète Einstein, du début du 20e siècle, l’annihilation matière-antimatière est le processus le plus efficace de conversion de la matière en énergie. Elémentaire en théorie, l’inconvénient de cette solution est son coût : aux prix et dans la technologie rudimentaire de l’époque, il fallait environ 25 millions de Dolleuros mondiaux pour produire deux nanogrammes d’anti protons.
On décida donc d’embaucher tous les chômeurs du monde (3 milliards à l’époque) en les payant au SMNG (salaire minimum non garanti) et on les mit au travail dans les immenses usines de la société Wolrdtrust and C°. Mais ce programme dépensier, bien que socialement bienfaisant, eut des effets inflationnistes colossaux, la société fit faillite, entraînant dans son sillage tous les marchés du monde. Ce fut la « Sombre Crise » des années 2151-2160, qui entraîna, guerres civiles, pillages et famines ... Heureusement l’armée des Actions unies finit par rétablir l’ordre et les chômeurs révoltés furent écrasés.
L’avantage fut que le chômage avait disparu avec les chômeurs, déportés sur les mines de Vénus et de Titan pour ceux qui avaient échappé à la désintégration. C’est depuis que nous avons le plein-emploi.
Alors, l’homme décida de passer à la vitesse supérieure ...
Un programme ultra-secret de recherche (dit programme « Asimov » en hommage à un scientifique du 20e siècle), qui dura un siècle, fut développé et aboutit à la seule solution réaliste : la manipulation de l’espace-temps. Proche de l’idée du raccourci spatio-temporel , mais plus économique, le principe consiste à « tordre » l’espace de façon à réduire les distances ... l’œuf de Colomb, en quelque sorte (cette expression a une origine inconnue, sans doute en rapport avec ces oiseaux mythiques, les « colombes », qui pondaient très probablement des œufs). Si vous ne pouvez vous rendre dans un lieu trop éloigné, supprimez la distance, ou au moins, réduisez-là !
Ce qui fut fait ... Et l’homme enfin, put s’envoler à la recherche de ses cousins de l’espace ...
DEUXIEME ACTE : LE SIECLE DE LA QUETE
(A suivre)
Note : Une exoplanète , ou planète extrasolaire, est une planète qui se trouve en dehors de notre système solaire, et qui est susceptible d’abriter une forme de vie.