Elle a des mains toutes roses et de petits doigts qui se terminent par des ongles très longs interminables. Son joli nez droit, rosissant à l’extrémité, surmonte une bouche garnie de superbes dents parfaitement rangées.
Revêtue de son long manteau noir velouté et brillant, une fourrure parfaite qui l’habille comme un gant, elle aime se déplacer dans l’obscurité, à l’abri des regards indiscrets. Elle ne porte ni bijoux ni accessoires bien sûr.
Ce qu’elle aime par-dessus tout c’est musarder dans les galeries, mais en toute discrétion, bien loin des néons et des falbalas.
Elle adore aussi les vers, c’est sa poésie à elle !
Bien qu’elle soit charmante, évidemment, il y a des gens qui la détestent. Ils ont mille raisons pour cela : certains trouvent que lorsqu’elle sort d’une galerie, elle en fait toujours une montagne... D’autres pensent qu’elle charrie un peu trop, que si on l’écoutait, la vie serait un monde souterrain, une sorte de gigantesque métro sans fin.
Maintenant, sa tête est mise à prix. On veut sa peau.
Moi aussi, je dois le reconnaître, je me suis armé contre ce fléau des jardins qui détruit tout sur son passage en loucedé, en jouant hypocritement "Mélodie en sous-sol". Son travail de sape souterrain et sournois m’irrite au plus haut point...
J’ai posé des pièges en laiton à la sortie de toutes ses galeries, là où elle édifie ses monticules de terre.
Et, ce matin, je l’ai "taupée". Elle était inanimée, victime de son hémophilie. Tout à l’heure, j’ai procédé à l’inhumation de la pauvre bête. Une cérémonie toute simple à la bêche, sans tambour ni trompette.