Anne au teint d’albâtre et aux cheveux de jais posait chaque jour ses mains sur son ventre stérile et quelques larmes coulaient alors de ses yeux aussi purs que l’eau vive de la fontaine. Joachim l’enveloppait pourtant de toute l’affection et de tout l’amour possible mais rien n’y faisait, elle gardait toujours au fond du regard cette ombre triste, un peu de peine, un rien de lassitude.
Bien souvent, en regardant les petits rire ou pleurer, son cœur se serrait un peu, elle enviait sans haine et sans colère ces femmes aux yeux cernés par les nuits blanches et aux corps fatigués, inconscientes de leur chance d’avoir enfanté.
Alors, elle se tournait vers les nues, joignait ses mains et murmurait quelques mots, prière remplie d’attentes et de bonté, espérant que le créateur aurait pitié de sa douleur et ferait s’arrondir sa taille en signe de fécondité.
Ses suppliques restaient vaines alors Anne se résigna à se contenter de ce qu’elle possédait et ne pria plus que pour remercier Dieu pour tout l’amour qui l’entourait. Son âme alors fut envahie par la joie et la sérénité.
Un matin alors qu’elle se reposait à l’ombre des lauriers dont l’enivrant parfum la ravissait, un ange lui apparut et lui annonça la fabuleuse nouvelle.
Il lui dit qu’elle mettrait au monde une fille, qu’elle l’appellerait Marie, que celle-ci accoucherait d’un fils dont le destin tragique rassemblerait les hommes sous le nom d’un Dieu unique et tout puissant.
Le 8 septembre, l’enfant naquit...