Il suffit parfois d’un parfum de lilas ou du timbre d’une voix pour éveiller en nous les traces du passé. Un visage surgit d’un éclair de mémoire puis un autre puis une multitude et nous revoilà, enfants, les genoux écorchés par les chutes de vélo et les bras griffés par les mûriers. Quelques larmes ravalées par fierté, des secrets échangés, un furtif baiser qui fait monter le rouge aux joues et console de toutes les petites peines sur les bancs de l’école et des billes perdues lors des combats sans merci dans la cour de récréation.
La main gauche sur le cœur et la droite posée sur un empilage d’autres mains on se jure fidélité et amitié à jamais. Serments sincères et innocents que le vent emportent au fil des saisons qui passent et s’égrènent comme des éclats de rire.
Mais le destin en décide autrement, un jour les uns sont partis pour une promenade dont ils ne sont jamais revenus, quelques lignes dans la rubrique faits divers et un encart noir et blanc au milieu d’un journal, car la mort, dés qu’elle le peut se repaît de chair fraîche et se nourrit d’injustice. Certains en souffrent tellement qu’ils mettent un point final à tous ces souvenirs devenus douloureux et s’enfuient, loin de ce présent qui leur échappe, si loin, trop loin, sans laisser d’adresse tournant définitivement la page des années d’insouciance.
Et ceux qui restent ne comprennent pas l’absence. Entre désarroi et émotion, ils resserrent les liens
« amis pour toujours » se promettent-ils encore, mais la vie défie les engagements, elle se venge, elle nous attrape, elle nous happe, elle nous avale telle une ogresse, nous détourne les uns des autres et nous fait perdre nos repères. Le temps, son complice accélère sa course, les rendez-vous s’espacent, les soirées s’annulent, les lettres se raréfient et les appels téléphoniques tombent toujours au mauvais moment alors, on s’égare, on se perd, on s’oublie.
Tout à l’heure devient demain. Demain se change en une semaine, puis un mois s’écoule et enfin une année mais soudain il est trop tard.
Et puis, un jour il suffit d’un parfum de lilas, du timbre d’une voix et le cœur se rebelle, alors s’il te plaît, ne me laisse pas t’oublier...
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Amis pour la vie
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