Un matin de printemps presque ordinaire devant les yeux et des souvenirs à ses
trousses comme un train qui la rattrape. Qu’il lui est doux d’attendre, dans la
tiédeur des draps, le doigt lissant inlassablement la tubulure de la
perfusion.Èt de se laisser flotter sur le bois de la mémoire..
Lambeaux de couleurs et de parfums, et surtout cette empreinte de crénelure en
aronde des dunes se découpant dans un ciel qui pouvait en quelques instants
passer du bleu céruléen à l’incarnat.
Incarné.
Comme un ongle. Comme une griffe.
Une chair qui pousse encore un peu et ne demande qu’à se donner au monde.
Agades la Rouge, la blonde,la magique, l’ensorcelante.
Agades qui se réveille chaque matin dans le chant d’épines de son minaret,
s’ébroue des dernières ombres et chuchote jusqu’à la mer les hier du sable..
Et cette rencontre.
Azazel était son nom.
Il avait écarté la lumière, pris dans ses mains son visage..
« Maria, laisse moi te conter ma ville, laisse moi.. »
Envoûtement.
Jusqu’au bout du soleil résonne le Muezzin
Des portes cardinales, flaneuses, elles vont ,
Caravanes ventrues qu’aspire l’horizon .
Vent du Sud les incline,
Continuo résigné sur la dune en feston.
Le Diable
Vent du Sud
La couche
Sur le sable
Agades la farouche..
Le Diable
Vent du Sud
Titube dans ses fentes
Et prélude
Sa bouche,
La baise et puis s’absente
Et à nouveau l’enfourche.
Le Diable
Vent du Sud
Dans l’arène cuivrée que le soleil grésille
Faraude ses jupon
Ecarte un peu les lèvres dont la liqueur scintille
Et plante dans la chair brunie comme téton
Une pointe hérisson...
Au Diable
Vent du Sud..
Oui , au Diable iront tous les vents qui font tituber les corps, enchaînent ou
télécommandent la vie.
Celle qui pousse dans son ventre aura la peau de cinabre d’Agades et les griffes
volontaires d’Azazel lorsqu’il referma autour d’elle leur seule et unique nuit.