Mars se fait charmeur, les premiers rayons du soleil me réchauffe le cœur, je flâne dans la rue, fredonnant comme à mon habitude : “ Is this the real life, is this just fantasy, caught in a landslide, no escape from reality, open your eyes, look up to the sky and see”.
Il marche dans ma direction et depuis quelques secondes déjà son regard me fixe, je le sens se poser sur moi comme un éclair brutal. Inconnu d’un instant, son âme déchire la mienne dans un éclat mortel. Je le croise et au creux de ma poitrine, une douleur profonde et violente me cloue et me terrasse.
Mes jambes se dérobent.
Je m’effondre.
De mes doigts, je tente d’arrêter ce flot de vie tiède qui s’échappe de ma poitrine en larges taches rouges. L’odeur douceâtre, écœurante du sang m’enveloppe, m’envahit, s’insinue dans ma peau, macule mes vêtements.
J’ai la nausée.
Autour de moi, je vois des visages inconnus qui se penchent, s’agitent, s’affolent. Leurs voix ne sont qu’un brouhaha confus né de bouches grimaçantes qui se tordent, se déforment en un gouffre noir et béant.
Je tremble et cherche dans le néant une main qui me raccrocherait à la vie. Celle qui soudain se saisit de la mienne m’est inconnue et pourtant je la serre autant que mes forces me le permettent encore.
Maintenant, je n’ai plus mal, seulement froid. Je voudrais dormir et je ferme les yeux mais quelque chose au fond de moi me dit qu’il ne faut pas alors je me concentre, c’est quoi déjà les paroles de cette chanson ? Ah oui, je me souviens, “ Mama, just killed a man, put a gun against his head, pulled my trigger now he’s dead”.
J’ai peur, je sens la mort rôder autour de moi comme un loup affamé. Son souffle se pose sur mes lèvres, mes veines se vident lentement mais inexorablement. Qui a dit que lorsque la vie nous abandonne, elle défile devant nos yeux comme un mauvais film en flash-back ? Moi, je ne vois rien, je ne me souviens plus que de cet air qui tourne en boucle dans ma mémoire. Pas de visages familiers ou aimés, pas de bons ni de mauvais moments, je vais mourir ici, seule entourée d’étrangers, amnésique d’amour.
Un homme en blouse blanche me parle mais je ne sais pas ce qu’il me dit. Je voudrais lui répondre mais le son de ma voix se meure dans ma gorge “Too late, my time has come, sends shivers down my spine body’s aching all the time, goodbye everybody, I’ve got to go, gotta leave you all behi…”.
Coupez !