Je suis terrifiée. Je voudrais appeler à l’aide, mais j’ai trop peur. Je me cache sous les couvertures chaudes et protectrices.
Il y a un homme, un inconnu, dans la chambre de mes parents derrière les draperies de lin.
J’entends un bruit sourd dans la nuit. Je tends l’oreille à nouveau. Encore ce bruit. Je m’assieds dans le lit. D’une main tremblante, j’entrebâille le rideau qui sépare ma chambre de celle de mes parents.
Il est là, dans l’ombre, les cheveux frisés comme un mouton. Je ne vois pas son visage.
Je l’épie, étonnée de voir un étranger dans la maison. Curieuse, je guette ses moindres gestes.
Il se penche comme pour ramasser quelque chose.
Il saisit à deux mains la descente de lit du côté où ma mère dort d’habitude. Il n’y a personne dans le lit.
L’étranger tourne le tapis pour en faire un gros rouleau. Puis, d’une poigne ferme, il le soulève et le met sous son bras. Il se penche à nouveau, et fait glisser son trésor sous le lit.
Je suis là, le regard rivé sous le lit de mes parents. Pendant de longues minutes, je ne vois plus rien. J’attends que l’homme se redresse, mais en vain.
L’homme est disparu sous le lit comme par magie.
Mais, qui était donc cet homme ? Que faisait-il dans la chambre de mes parents ? Où était-il parti ?
L’angoisse s’empara de moi.
Ne sachant que faire, j’ai trouvé refuge sous les draps de flanelle espérant me protéger. Mais me protéger de qui ? de quoi ?
Près de 40 ans plus tard, je me rappelle cette scène de mes trois ans comme si c’était hier.
Je revois cet homme disparaître sous le lit, le tapis sous le bras. Peut-être n’était-il qu’une ombre sur le mur ? que le fruit de mon imagination ? un monstre sous le lit ?
Oui, peut-être ? peut-être bien...