Cerise sur le gâteau.

Il s’est installé à la petite table du fond, près de la vitrine, comme à son habitude. De là, il peut voir tous ceux qui entrent et sortent de la pizzeria. Il y vient déjeuner tous les jours de la semaine et s’y sent chez lui. Entre deux bouchées, il observe, il écoute.
Il ne l’a pas remarquée tout de suite mais maintenant il ne voit plus qu’elle.
Il est un peu surpris.
Se rend-elle compte qu’il l’observe. Cette apparition inattendue égaye son repas. Une feuille de salade au bout de la fourchette, il joue à cache-cache, comme un gamin, comme si cette feuille qui s’interpose entre elle et son œil, pouvait le cacher totalement à sa vue. Elle est la cerise sur le gâteau. Il porte à sa bouche la dernière feuille, la mastique en fermant les yeux pour ne pas la voir, pour pouvoir rêver, imaginer la suite. Regarde-t-elle dans sa direction ? A quoi pense-t-elle ? Il avale et ouvre les yeux.
Elle est là, qui s’avance lentement vers lui. Personne, dans la salle ne semble l’avoir remarquée et on ne lui prête guère attention, à lui, il fait partie du décor.
L’ambiance est presque surnaturelle.
Sa démarche est sensuelle, sa peau nue, dorée, ses formes ondulantes sont une invitation.
Il hésite. Elle semble insister, langoureuse.
Il s’en saisit et la croque. Après tout, il l’a payée cette limace !