Il m’a dit : « tu verras, c’est pas compliqué, tu prends l’outil, tu lui tapes sur la tête une ou deux fois et quand le harpon est bien planté, tu le traînes sur la banquise. Il est pas mort, il gueule et il gigote tant qu’il peut mais comme il se vide se son sang, le temps que tu arrives au campement, il sera crevé ! »
J’ai répondu : « mais c’est horrible, il doit terriblement souffrir ! »
Alors il a ajouté : « qu’est ce que t’en as à foutre, c’est jamais qu’une bête ! »
Donc, j’ai fait comme il m’a dit, c’est vrai que ce n’est pas compliqué. J’ai pris l’outil, je lui ai frappé la tête jusqu’à ce que le harpon se plante dedans. Il m’a fallu un peu plus de deux coups, c’est que je n’ai pas la force d’un homme, et puis je l’ai traîné sur la banquise. Ca glisse bien sur la glace, ça ne pèse pas, ça laisse derrière un long chemin rouge et fumant. En effet, ça ne l’a pas tué sur le coup, il a beaucoup crié, il a beaucoup gigoté, et à chacune de ses tentatives pour se libérer, le harpon s’enfonçait un peu plus profondément, alors il hurlait encore plus fort, mais ça n’avait pas d’importance, ce n’était juste qu’une bête.
Et puis, d’un seul coup, plus rien, il était mort, le silence... enfin !
J’avoue, je n’ai pas été très sincère, j’aurais peut-être du lui dire avant qu’il ne me prête le harpon que moi ce n’était pas le phoque que je chassais...