Chinatown. Paris 13e.
Aujourd’hui, 1er mai, le soleil brille, il est onze heures. La foule se presse sur les trottoirs au milieu des vendeurs à la sauvette. La boutique du petit épicier au coin de la rue est prise d’assaut : on y soupèse des melons, on se régale à l’avance des premières fraises savoureuses et odorantes, on parle, on rit, l’ambiance est à la joie, à la vie. Les passants, appréciant la douce torpeur des premiers rayons de soleil, un brin de muguet à la main se hâtent lentement vers leurs appartements étriqués et sans lumière.
Soudain, un homme s’écroule au milieu de la chaussée, puis un deuxième et encore une femme qui fléchit et se couche là sur le trottoir. Les gens crient, courent en tous sens, tentent de se protéger d’un danger diffus, vague et imprécis. Mais rien n’y fait, un enfant se met à hurler, son bras ruisselle de sang. Sa mère le serre tout contre son cœur en se cachant derrière une fourgonnette.
L’ambiance est pesante, le silence a des relents de terreur, c’est à peine si l’on ose encore respirer. Même les oiseaux se sont tus, la peur est palpable et fétide.
Les voitures de police et les ambulances arrivent dans un grand fracas de sirènes et de pneus qui crissent sur le bitume. En position derrière les portières ouvertes, l’arme à la main, ils attendent regardant en vain tout autour d’eux. Mais plus rien ne se passe, on entend maintenant des gémissements et des appels au secours.
Chinatown. Paris 13e.
Aujourd’hui, 1er mai, le soleil brille, il est onze heures.
Un sniper fou vient encore de frapper.