Hier, nous avons emmené notre voiture chez le chirurgien esthétique se refaire une beauté. Alors comme personne ne voudrait ( à part moi !) me voir rater une seule journée de travail, le garagiste nous a prêté une espèce de boîte bleue montée sur quatre roues, avec un volant et un truc bruyant au milieu lui servant de moteur. Et alors surtout, drame des drames pas d’autoradio…rien que la perspective d’être coincée dans les embouteillages sans le moindre petit espoir musical me déprime…
Ce matin, six heures, le radio-réveil hurle me ramenant à la rude réalité de la reprise. Petit déjeuner devant ma boîte aux lettres remplie de viagra, rollex et autres absurdités, douche et départ en retard comme d’habitude…jusque là rien de vraiment surprenant…Après un trajet où je me suis sentie comme un caniche sur une trottinette, je trouve ô joie une place sur l’immense parking du lycée aux antipodes bien évidemment de l’entrée.
Ensuite la routine reprend ses droits, une classe cède la place à une autre et ainsi de suite…Pendant une heure de pause, je descends en salle des profs prendre un café infâme n’ayant de café que le nom et, machinalement je jette un coup d’œil sur la pendule, 12h15…
Ouh la la, Bernard m’appelle toujours à midi et j’ai oublié d’allumer mon portable ! Il va encore râler en me disant qu’il s’est inquiété. Je me dépêche de lui téléphoner et le trouve tout surpris de mon appel, je réalise alors que la pendule n’a pas été remise à l’heure et qu’il n’est que 11h.
La journée s’étire puis s’étiole et je m’apprête enfin à regagner le bercail, je fais trois cents mètres et la jauge à essence passe directement du quart de réservoir à la zone critique annonciatrice de panne imminente, une petite lumière s’allume, tremblote puis s’éteint mais l’aiguille blanche reste désespérément dans le rouge. D’un coup, comme ça, je me sens submergée par le bonheur, je vais devoir perdre une heure à la station service alors que je ne sais même pas ce qu’ingurgite l’engin.
Au premier feu rouge, vous remarquerez que l’on ne dit jamais feu vert, c’est à croire qu’ils sont équipés de nez renifleurs qui dés qu’ils détectent votre présence passe au vermillon. Au premier feu rouge donc, je glisse la main dans mon sac et en sors ma carte bleue. Et là, stupéfaction, je m’aperçois qu’il ne s’agit pas de la mienne mais de celle de Bernard dont j’ignore le code ( je n’ai jamais eu la mémoire des chiffres).
Au second feu résolument écarlate, je décide de l’appeler pour lui demander les quatre chiffres qui me permettront de satisfaire l’assoiffée qui réclame son du. Je compose le numéro et une douce voix m’explique que j’ai épuisé mon crédit de communication mais que je peux le recharger grâce à ma carte bancaire. Mais pour cela encore faudrait-il que je l’ai sur moi !
Je finis le trajet angoissée, guettant le moindre hoquet du monstre, m’apprêtant à chaque seconde à devoir la pousser sur le bord de la route et finir en auto-stop, mais elle tient bon.
Je la rentre au garage et pénètre furax à la maison bien décidée à admonester le distrait qui a échangé nos cartes. A peine franchit le seuil de la porte, je suis accueillie par un « je suis hors de moi, figure toi que ta carte a été avalée par le distributeur et que tu ne pourras la récupérer que dans deux jours ».
Car si moi je me suis rendue compte qu’il avait par mégarde permuté les cartes, lui pas, il a introduit la mienne dans la machine infernale et a tapé consciencieusement son code à trois reprises, d’où engloutissement immédiat.
Peut-être devrais-je directement aller me coucher avant que la maison ne s’effondre….