Climax

 On se prépare à bloquer...
Mon Talkie grésillait à ma ceinture tandis que la sale petite pluie du nord pénétrait par petites rivières glacées dans le col de mon anorak.
 On bloque.
C’était mon premier tournage. J’avais envie de voir ce que c’était. Les stars. Le glamour. Bien fait pour ma gueule, je passais mon temps à bloquer le passage des voitures, à 200 mètres du plateau.
Il n’y avait pas vraiment de stars d’ailleurs, juste une starlette dédaigneuse et un vieil acteur à qui tout le monde donnait du "Monsieur". Jamais entendu parler de lui. Moi je grelottait dans mon K-way fluo. Ça faisait 15 jours qu’on était là. La production avait les nerfs. Pas facile de tourner dans une banque, à cause des autorisations.
 Ok. On débloque. Déjeuner. On reprend à 14h.
Putain. Presque deux heures de pause. Dieu existait.
D’habitude les pauses ne dépassaient pas trois quarts d’heure, j’allais pas me plaindre.
Au moins, la bouffe était bonne. D’ailleurs c’était bizarre de manger du canard dans le réfectoire d’une école. Pour une fois, le réalisateur n’était pas là. À la table des gradés, il y avait comme un trou.
À 15h, il était toujours pas revenu. La prod’ a appelé les flics. Pas normal un réa qui disparaît comme ça. L’équipe, en chômage technique, fumait des clopes dans le réfectoire. Quand la police a voulu signaler la disparition, ils sont revenus avec l’air embêté. Il n’y avait personne de ce nom là dans le fichier national.
Et les coffres de la banque avaient été vidés.