Je t’aime !
A qui adresser ces mots ? A qui les crier, à qui les offrir, à qui les imposer ?
De tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit, de tout son corps, elle ne sait pas. Elle n’a qu’une envie, hurler encore et encore tout cet amour qui bouillonne en elle, qui l’emporte comme la mer balaye la plage, noyant les doutes et les peines, nous laissant juste le goût du ressac derrière la gorge, nous laissant juste le bonheur de notre vie qui luit doucement au crépuscule, vague étincelle encore et encore, obstinée, s’accrochant comme les algues sur les pierres glissantes du quai...
Son regard plonge une fois encore dans les flots, à se laisser emporter par les doux murmures de l’océan. Elle sent le sable qui s’accroche aux minuscules aspérités de sa peau, formant quelques ilots bruns sur ses jambes nues, elle goûte le vent qui joue dans ses cheveux, s’insinue dans sa gorge et lui laisse la saveur du sel sur la langue, elle hume l’odeur enivrante du large, douces promesses d’un avenir d’aventures, réminiscence de rêves d’enfants, à s’imaginer sur un bateau qui ferait le tour du monde, indomptable amazone...
Regardez la, l’enfant sur la plage. Regardez la, ses genoux ramenés vers elle, pressés contre sa poitrine, regardez la, la tête posée sur ses bras croisés, son regard perdu dans l’immensité qui lui fait face. Regardez-la, encore et encore. Regardez-la chanter la mélodie de son âme.
Aussi salée que la mer, une perle de tristesse, de joie, de mélancolie, juste une, une seule, nait au coin de ses yeux. Roule et roule, vole et tombe, se brise cette simple larme sur le sable aux pieds de la jeune fille, éclaboussant d’or et de sang les dernières lueurs du crépuscule.