Dans une grande malle grise recouverte de poussière, entreposée un jour de chagrin loin des yeux sous les toits, j’ai retrouvé une grande enveloppe jadis bleue que le temps cruel avait décolorée.
Les doigts tremblants, je dénoue le petit ruban de soie rose qui la referme. En devinant, les lettres jaunies par les années, mon cœur se serre un peu.
Du bout des doigts, je les caresse, lentement, doucement, pauvres messagères d’amour oubliées par la vie.
Je ferme les yeux et je me souviens de nos rêves, de nos rires, de notre premier baiser et de nos mains maladroites qui se cherchaient dans la pénombre d’une nuit d’été. Nous étions si jeunes, et pourtant nous y croyions à ce premier émoi adolescent, grande histoire d’amour éternelle, vibrante et frissonnante.
Une larme tiède glisse le long de ma joue, le passé a parfois des échos douloureux aussi tendres qu’un baiser à fleur de peau.
Une à une je les sors de leur prison, j’en connais chaque mot, chaque point, chaque virgule comme si ma mémoire avait gravé à l’infini ces paroles si douces.
Je ne les lis pas, je regarde seulement pour m’en souvenir ton écriture si fine, si régulière. Il me semble encore sentir sur ma peau la caresse de tes longs doigts de pianiste et je te revois, armé de ton stylo t’appliquant à écrire dans un soupir ces lignes amantes.
Entre les chemins manuscrits, entre chacun des signes tracés par tes songes, j’ai trouvé mille je t’aime, mille
étreintes et un à bientôt transformé en adieu par l’aube d’un jour où tes yeux se sont clos à jamais, refermant pour toujours la grande enveloppe bleue, gardienne de mes regrets.