S’il serait par un heureux hasard ce fait prodigieux que vous me lussiez, alors vous risqueriez de vous offusquer de ce retour sur des temps passés aux terminaisons ampoulées. A chaque verbe, un temps d’arrêt s’avérerait peut-être nécessaire afin qu’il s’immisçât clairement dans votre esprit. " Quel être fat ! " vous emporteriez-vous dès lors à mon encontre. Vous auriez probablement raison car aujourd’hui la mode n’est plus au langage mais au verbiage dégluti.
A mon tour, je pourrais, si tant eût été que vous me le demandassiez, condescendre à lire votre prose puis la commenter, cela afin de tenter d’exprimer hélas le peu de joie que généralement vous m’apportez à travers vos écrits à la banalité surprenante. Je le ferais bien sûr sans pitié (n’allez point échafauder autre scénario) mais avec honnêteté, je vous en donne parole. Las ! Plutôt que de me remerciez vous vous navreriez. Bien entendu, vous m’en voudriez d’oser ainsi vous tourmenter sur les mots, ici corriger, là interroger et aussitôt vous me répondriez qu’ainsi vous fîtes parce qu’ainsi cela dût et avant tout l’exigeât pour traduire la plénitude de votre substantifique esprit soporifique.
Alors j’aurais souhaité ici vous dire que vous n’auriez nulle crainte à ébaucher car sous vous je me tairais et me dévierais car mon clapet nul ne le gouvernerait. Si tant eût été que votre prose l’anarchie prônât, alors je vous eus cédé raison et m’en eusse allé. Nonobstant cette promesse déraisonnable et cet état de fait regrettable, vous faites globalement preuve d’un cruel manque de courtoisie pour celui qui, téméraire, à la poursuite de votre plume s’aventurerait.
Permettez-moi ceci et écoutez ce bon conseil : respirez donc entre deux mots pour au moins permettre la digestion et éviter les ballonnements !
Je savais avant de commencer que vous vous en tamponneriez mais moi je vous ris au nez car, ne vous y méprenez, j’ai moi-même souvent peiné pour un honnête texte achevé et sans jamais m’autoriser à m’autocommenter, vous non plus d’ailleurs. Pour chuter et comme le coq, vous devinez où nous devrions ranger nos plumes si l’éducation reçue portait réellement ses fruits.