J’ai voulu retrouver les sensations d’antan alors, ce matin, nous sommes partis, à bicyclette vers cet endroit des Alpilles si cher à mon cœur ; pas très loin, mais suffisamment pour nous dépayser et avoir l’impression d’avoir fait un long voyage sur nos vélos oubliés depuis trop longtemps au fond du garage. Nos chiens nous accompagnaient, courant, heureux de s’ébattre en toute liberté.
Le soleil chauffait déjà nos épaules et la journée s’annonçait brûlante.
Dans nos paniers d’osier, accrochés au porte bagage, nous avions enfermé des trésors de victuailles que nous allions déballer vers midi.
Un joli coin, ombragé, recouvert d’un petit lit de jeune herbe tendre, à l’abri du bruit et des regards, nous a tout de suite séduits ; des arbres, quelques fleurettes, le silence.
Nous avons adossé nos bicyclettes à un tronc, posé nos paniers dans l’herbe fraîche et déployé une nappe à carreaux rouges et blancs, celle réservée à nos déjeuners sur l’herbe.
Puis, nonchalamment, nous nous sommes installés autour de notre jolie nappe pour deviser gaiement sur les derniers sujets d’actualité, notre rude semaine, notre dimanche ensoleillé, nos vieilles bicyclettes, notre déjeuner, nos chiens et chats, nos projets, nos rêves, nos envies ; allongés ou assis, les rires fusaient de nos bouches alourdies par le soleil qui se faisait de plus en plus torride.
Midi sonna et nos estomacs nous poussèrent à déposer nos paniers sur notre jolie nappe et à découvrir les trésors que nous allions déguster.
Des tomates boursoufflées et grasses, un pâté campagnard au fumet enchanteur, un saucisson artisanal, un melon éclatant, odorant et juteux, un pain campagnard recouvert de farine, quelques olives vertes et noires, des cerises dodues, des gariguettes parfumées, de l’eau et…bien évidemment le petit rosé provençal dont la dégustation associée à la chaleur, nous laisserait dans un état somnolent et lascif à la fin du repas.
Nos rires et nos appréciations sur les mets que nous savourions résonnaient dans le silence de la garrigue.
Nous trinquions comme des enfants à la belle vie et à ce jour qui bien sûr allait rester dans nos mémoires.
Lentement, l’envie de sieste nous envahit et le sommeil nous prit, là sur la nappe à carreaux rouges et blancs.
Un sommeil léger mais si bon.
Puis vint le moment de rentrer ; nos chiens, eux aussi s’étaient assoupis, tout près de nous.
Il était temps de ranger nos paniers, de plier soigneusement la nappe rouge et blanche et d’enfourcher nos vélos, devisant sur ce moment paisible passé ensemble, en nous promettant de recommencer bientôt.
Le retour fut joyeux et léger, à l’image de ce déjeuner sur l’herbe ; bien droits sur nos vélos et pédalant allègrement, nous regardions ce paysage provençal défiler lentement ; ma robe printanière voletait au rythme de mes coups de pédales et je me sentais légère, telle un ange tombé du ciel.
J’avais, quelques instants durant, retrouvé ce bon goût d’antan, ces vertiges de l’enfance.
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Déjeuner sur l’herbe
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