Et quand le jeu devient réalité, tu perds pied et tu te noie, parce qu’il a su toucher ton cœur mieux que tu n’as su le protéger toi. Tu fermes les yeux et tu imagine, ses mains sur ta joue, sa tendresse, sa douceur, il ne te fera jamais de mal, tu le sais, il est comme un baiser volé, taquin et sucré, et quand il passe près de toi tu veux le prendre dans tes bras et le serrer très fort.
Le rêve déroule son canevas doré derrière tes paupières closes et tu sais qu’il t’emporterait, t’embrasserait, te noierait dans une étreinte haletante. Ses mains se poseraient sur ton corps nu. Le rêve éclate comme une bulle de savon, et tu te réveille les yeux pleins de larmes et de dégoût pour tout ce que tu as imaginé.
Tu ne peux plus, tu n’y peut rien, tu as eu si mal, si mal. Tu voudrais effacer, engloutir toutes ces images de toi soumise et étouffée, la séduction qui se transforme en chasse, la joie qui devient peur, les rires qui se déforment et enflent en cris de douleur et de rage. Tu te hais de ne plus savoir t’abandonner, de ne savoir que jouer sans jamais aller jusqu’au bout, de rêver le rêve et fuir la réalité. Tu te hais de ne pas pouvoir oublier. De ne pas pouvoir passer à demain.
Et tu ne veux pourtant qu’une seule chose, le serrer dans tes bras et, surtout, surtout, t’y perdre...