La mer, la mer, et encore la mer. Plus loin, les falaises.
Mes yeux, irrités par le vent sec et froid, balayent la plage où viennent mourir les vagues.
Les vagues meurent, les vagues s’échouent. Jamais elles ne rient, s’amusent, ou chantent. Jamais les vagues ne jouent à saute-mouton.
Un jour que j’étais venu contempler la mer avec mon grand-père comme je le fais aujourd’hui, sans lui, je lui avais demandé, d’une voix encore emplie d’innocence et de naïveté :
Papy, elles ne jouent pas, les vagues. Pourquoi ?
Il avait soupiré. Un long, un beau soupir.
Il m’avait regardé, aussi, je m’en souviens, avec son éternelle bienveillance de grand-père attentionné :
Tu sais, gamin, et son regard s’était porté jusqu’à l’horizon rocheux, les vagues ne jouent pas, mais elles se moquent.
De qui, Papy ?
De personne. De tout le monde. De toi et moi.
Je ne comprenais pas, bien sûr, mais je sentais que ce devait être très beau. J’observai donc un temps de silence respectueux, et repris, doucement :
Pourquoi ?
Je me tournai vers lui, inquiet, et fus aussitôt rassuré : il souriait.
On se moque de ceux que l’on envie, fils. N’oublie pas... d’ac ?
Je ris : je savais que certaines de mes expressions l’amusaient.
D’ac, Papy ! Tu m’achètes une glace ?
Voyant un sourire malicieux naître sur ses lèvres, je rajoutai précipitamment :
S’il te plait.
Allez, ça roule !
J’éclatai à nouveau de rire... et ce fut tout.
Il est mort, désormais, il est parti, et j’espère que la mer m’envie toujours.