Dans la lumière aveuglante d’un petit matin d’été, un enfant rit aux éclats. Dans ses yeux, pétillent les rêves et la joie de vivre. Le vent joue dans ses cheveux couleur de blé mûr et le soleil fait miroiter ses jeux. Il fait déjà chaud et dans les fleurs quelques abeilles butinent, travailleuses et laborieuses depuis les premières lueurs de l’aube.
Sur la terrasse, un couple souriant et serein regarde avec enchantement ce petit cœur qui bat, jouant avec le chien, cueillant quelques pâquerettes qu’il amène à sa mère un rire dans la gorge.
L’homme, dans un geste plein de tendresse pose sa main sur celle de sa femme, leur regard se croise, avec douceur et affection. Ils sourient, le bonheur est revenu dans la maison et pourtant ils n’y croyaient plus.
D’abord, il y avait eu ce malaise incompréhensible alors qu’il poursuivait les papillons dans une course folle et puis le verdict implacable qui avait suivi : insuffisance cardiaque. « Votre fils a besoin d’une greffe sinon il ne survivra pas » avait dit le docteur d’un air détaché. Il avait aussi parlé de donneur compatible, de liste d’attente mais eux, ils n’entendaient, ne comprenaient plus rien. La terre venait de s’écrouler sous leurs pieds, leur petit monde tranquille chancelait et plongeait dans l’horreur de la réalité froide, la mort les touchait du doigt, elle tournait autour de ce petit bout d’homme, de ce petit bout d’eux.
De nuits blanches en illusions, de renoncements en confiance, de larmes en espoirs, les heures s’égrainaient lentement, puis les jours et les semaines.
Une nuit, le téléphone avait retenti. Dans le brouillard de l’angoisse, ils n’avaient retenu que ces mots : accident, mort clinique, compatible….
Ils étaient partis la peur au ventre dans la nuit sombre, serrant dans leurs bras le petit corps endormi, enroulé dans une couverture.
Hôpital, couloirs, salle d’attente, les minutes s’enchaînent comme des heures. Et puis, un homme vêtu de vert se dirige vers eux le sourire aux lèvres. Les mots sont inutiles, ils s’écroulent dans les bras l’un de l’autre, leur enfant vivra.
Dans la lumière aveuglante d’un petit matin d’été, une femme habillée de noir pose quelques fleurs sur la tombe de sa fille….Quelques larmes coulent silencieuses le long de ses joues trop pâles…elle regarde le ciel et sourit malgré son immense chagrin. Quelque part, le cœur de son enfant bat encore sous le soleil….