Douceurs et rages
Je regarde le foulard sur la table et me demande quelle histoire je vais bien pouvoir raconter... Les copines ont déjà fini et moi, je n’ai rien, même pas un début de phrase dans la tête, c’est rageant... Ce foulard me nargue avec ses jaunes, ses rouges, ses oranges qui me matent la vue mais pas le toucher, ce n’est qu’un rugueux bout de tissus. J’aurai préféré de la soie ou de la laine.
Oh oui ! Mille pelottes devant moi ... Je plonge dans une douceur infinie, je me vautre délicieusement dans cet univers. Les bruits, les chocs, les insultes, les peurs se diluent par enchantement. Je vis dans un cocon et ne veux pas le quitter. Malheureusement le vert, qui s’était caché, fait surface. Agressif et piquant, Il me saute à la gorge m’obligeant à sortir de ma torpeur.
“ Fous le camp, couleur de malheur, je te hais. Bleu, bleu viens je t’en prie, débarrasse moi de ce filou”
Le bleu n’est pas là, il colore le ciel et la mer. Voyant cela, les rouges, les jaunes, les oranges partent eux aussi peindre la nature, me laissant me débattre avec le vert infernal.
“Au secours ! Qui peut m’aider à vaincre ce monstre ?”
Un coup de pied par ci, un coup de pied par là, c’est la guerre, tous aux abris ... Euh ! Je suis seule là et me bats comme une enragée. Personne ne veut céder, quelque fois c’est l’adversaire qui a le dessus et puis d’un coup de reins, je prends l’avantage mais pas pour longtemps... Un coup vient me frapper la tête et là... Je me réveille devant les copines ahuries. Elles sont mortes de rires de me voir ainsi chue sur le sol. Je me relève génée, reprends le stylo et ... vous narre cette histoire complêtement folle sorti d’un cerveau liquéfié par de longues et vaines recherches sur sa phobie du vert.