Un certain Merlin avait écrit dans un commentaire : "Et si on parlait culture, réellement ? Édouard Herriot prétendait que c’est ce qui reste quand on a tout oublié. Tel n’est pas mon avis. Qu’en penses-tu ?..." Une jeune et charmante Diane (chasseresse ?) lui répondit : « La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. Alain Revoyez vos classiques » Le même Merlin reprit alors : « Vraiment désolé de ta méprise, Diane ! » Pendant quatre décennies, j’ai toujours dit à mes élèves qu’il fallait absolument qu’ils apprennent à vérifier leurs sources avec un maximum de certitude avant de les reproduire (entre guillemets) dans un quelconque écrit. Par exemple, on a toujours dit et rabâché que Montaigne souhaitait des élèves qui eussent la tête plutôt bien faite que bien pleine.
Là encore une fois c’est faux !
La citation exacte est :
"... Je voudrais qu’on fût soigneux de luy choisir un conducteur qui eust plutost la teste bien faicte que bien pleine, et qu’on y requît tous les deux, mais plus les meurs et l’entendement que la science..."
Il s’agissait donc du précepteur et non de l’élève. Or des dizaines de fois, j’ai lu que Montaigne avait écrit, s’agissant des élèves ou étudiants "Tête bien faite plutôt que bien pleine !" Certes la transitivité et la contagion peuvent permettre tous les espoirs, mais rien n’est assuré... Par contre, le fait de bien mettre les guillemets est une garantie de reproduction de la "citation exacte"... Pour en venir donc à l’auteur du fameux
"La culture c’est ce qui reste quand on a tout oublié..." il est vrai que certains l’ont attribué à Malraux. (On ne prête qu’aux riches !) Mais j’ai vraiment de la peine à penser qu’on ait pu "le prêter" à ALAIN... Même si cette idée globale de culture et d’oubli était bien celle d’un quelconque moraliste oriental, on peut avec le maximum de certitude que nous donne l’écrit, l’attribuer au prédécesseur de Jean Rostand à l’Académie Française, agrégé de lettres et homme d’État... Allez, je donne la citation exacte d’Édouard Herriot et chacun pourra me communiquer celle qui est attribuée à Émile Chartier ? << Édouard HERRIOT / Jadis - Avant la première guerre mondiale / Flammarion 1948 :
« Ce que j’emportais de plus précieux ne pouvait s’enfermer dans une malle. "La culture, - a dit un moraliste oriental, - c’est ce qui reste dans l’esprit quand on a tout oublié." J’avais acquis à l’École [normale supérieure] une méthode pour le travail et le goût de cet ordre qui impose la discipline de l’esprit à la confusion des choses. Aucun besoin d’agir. L’action, dont on dit communément qu’elle est une affirmation, est, en vérité, la négation de tous les possibles moins un. »
Alain, lui, a dit :
"La culture, c’est la mémoire de l’intelligence des autres..."
Chacun de nous peut en prendre de la graine car des tonnes de poncifs circulent ainsi, véhiculés parfois par des enseignants, ce qui est dommage !
Voilà déjà bien longtemps que je revisite mes classiques, chère Diane... Merci du conseil que je te retourne, non sans malice. (° ! *) Nous attribuons donc souvent des citations à d’autres que leurs véritables auteurs. Mais lorsque ce sont des textes entiers que l’on prête à tort à un auteur célèbre, c’est un peu plus grave !...
Ainsi cette lettre d’amour attribuée à George Sand : Lire cette petite merveille d’habileté, de virtuosité littéraire sur cette page très bien faite :
STÉGANOGRAPHIQUEMENT VÔTRE
On peut retrouver cette lettre ’magnifique’ n fois sur Internet en tapant simplement la requête dans un moteur banal « Lettre de George Sand à Musset »... Et pourtant, il y en a eu bien d’autres de ces lettres d’Aurore à Alfred ! Mais c’est celle-ci qu’on trouve.
Néanmoins, il s’agit d’un faux, d’un canular. Canular habile, certes mais canular quand même ainsi que le font savoir ICI les Amis de George Sand".
J’ai toujours cru moi-même que cette lettre et les suites données par Musset étaient authentiques.
C’est une jeune et charmante biographe de la Bonne dame de Nohant qui m’a ouvert les yeux récemment, m’assurant qu’aucun biographe sérieux n’avait trouvé une telle lettre dans la correspondance de Mme Dupin. Il s’agit de SÉVERINE FORLANI qui vient de publier « George Sand, Le défi d’une femme » aux éditions du Jasmin.
Je la remercie de m’avoir ouvert les yeux.
Mon aveuglement était allé jusqu’à provoquer ma fée Viviane sur ce sujet (° !*)
« En l’an de grâce 476, Merlin l’Enchanteur et Viviane de Comper correspondent sur le mode galant, en usant de procédés quelque peu stéganographiques. » Pardonne-moi Viv ! Je posterai sur « La Plume » nos échanges aigre-doux, si tu le veux bien ma mie...