Les quelques lecteurs attentifs qu’il me reste et les rares zozos qui suivent mes écrits savent, par l’exemple, que je n’aime personne. Si j’étais exceptionnel, je dirais volontiers que je suis le pire misanthrope encore en exercice, les autres, mes "amis" Adolphe, Joseph, Attila, Torquemada et Jean-Marie étant out pour le compte, quant à Nicolas ... il est trop occupé aujourd’hui pour sévir aussi sur ce terrain.
Je n’aime personne à l’exception notable de Catherine, que j’aime probablement trop pour conserver de l’amour pour quiconque en dehors d’elle. Je n’aime pas les boulangers, les maçons, les patrons, les académiciens, les Anglais, les Teutons, les secrétaires de direction, les automobilistes et les piétons, les parachutistes et les conducteurs de métro, les blonds, les rousses, les bruns, les corbeaux, les biches, celles qui se mettent du crayon noir sur les jolis yeux, les américains en short nylon, les spacionautes, les cosmonautes, les astronautes, les cinonautes, les plongeurs en apnée, les hôtesses de l’air, les criminels, les institutrices perverses, les artisans bidirectionnels, les intellectuels mais aussi les gros cons, les serveurs de bistrot qui disent que c’est fermé, les contractuelles, les cyclistes, les jeunes, les vieux, les quarantenaires, les préretraités, les chirurgiens esthétiques, les curés, les suicidés, les terroristes, les passifs, les hyper-actifs, les marchands, les consommateurs, les hommes, l’immense majorité des femmes, les bergers allemands, les hérémistes, les uhèmepistes, les riches, la middle class, la ministre de la justice, les fascistes, les anars, les connards, les grenouilles sauf si leurs cuisses sont au beurre persillé...
Mais, comme avez pu le lire ici, j’aime bien Didier Daeninckx.
A ceux qui, fort courageusement, avait lu et apprécié le texte commis sur ce grand écrivain français, j’avais plus ou moins promis d’autres portraits du type, enfin, pas de celui là mais dans la même veine. Je me suis mis à la tâche, presque immédiatement. Stylo en main, j’ai commencé à réfléchir. De qui allais-je bien pouvoir dire du bien, puisque l’exercice réclame que du bien doit être dit ? Stylo en main ... J’ai réfléchi ... Euh ! Merde ! Dans l’humanité ... Il doit bien y avoir quelqu’un !!!
En désespoir de cause, j’ai bien failli, ici, vous hurler mon admiration intense pour ... Jodie Foster, depuis nos débuts communs au cinéma, elle crevant l’écran, moi le strapontin en velours rouge élimé si commun dans les salles. J’aime bien Jodie Foster. C’est mon actrice préférée. Mais je n’aime pas le cinéma, alors les actrices !!!
En revanche, et là se terminera ma présentation liminaire, j’aime les livres, donc Jean-Paul Dubois.
Il y a trois ans, avant la sortie d’"Une vie française", je ne le connaissais pas. J’avais bien vu, à la télé, "Kennedy et moi" mais je pensais que le scénario du film avait été écrit par Bacri/Jaoui (qui bien qu’acteurs, de cinéma aussi, ne sont pas sans me laisser quelques réjouissances) et je le trouvais fort bon, le film, avec Bacri, et le scénario. Ce type, dérangé par la vie, qui écrit des livres pour et contre sa vie et sa famille et entre en dépression comme moi dans le RER (avec lenteur mais détermination) ou Ratzinger en papauté (par la fumée, mais pour comprendre il faut avoir lu/vu "Kennedy et moi"), n’était pas sans provoquer des résonnances internes.
Quand mon patron m’a prêté "Une vie française", je lui ai rendu le livre le lendemain, dès potron-minet.
Mais pourquoi ? Tu n’as pas aimé ?
Oh que non, cher chef ! je l’ai fini ! D’ailleurs, puisque je n’en ai pas dormi et que tu es le suborneur de l’affaire, permets que j’aille au service marketing reposer mon esprit et veilles à ce qu’on ne m’y dérange pas !
Monsieur Braize ! A votre poste tout de suite !
Pfuh ! Social traite !
Mon patron et moi entretenons des relations bien particulières, mâtinées de respect, d’admiration réciproque, mais aussi, du moins de ma part, d’un obéissance sans faille qui vise à préserver mon déjà maigre revenu mensuel. S’il me prête ses livres, je n’ai aucun accès à sa carte Gold. C’est idiot ! Avec celle-ci je pourrais acheter une librairie !
Forcément, j’ai aimé "Une vie française" (alors que j’ai détesté profondément "Ensemble c’est tout" et "la femme fatale", deux ouvrages que j’échangerai volontiers contre le guide "Petit futé" lillois, même de la précédente décennie (voir même siècle d’avant). Quel génie ! Quelle maîtrise ! Et, comme je n’ai ni l’une ni l’autre, que je ne suis pas critique littéraire mais lecteur parfois critique, je n’en dirais pas plus, sinon que je me suis ruiné immédiatement à "la Procure" Saint-Sulpice dans l’achat de tous les exemplaires disponibles de tous les chefs d’œuvres disponibles dudit Dubois. des livres en nombre pour le remercier et l’enrichir, lui qui, ma vie, enrichissait si bien.
Ainsi ais-je dévoré, dans le désordre "Compte rendu analytique d’un sentiment désordonné", "Eloge du gaucher", "Tous les matins je me lève" (du pur génie !), "La vie me fait peur" (j’adhôôôôôôre !), "Je pense à autre chose" (+ + + + + + + + + + !), le fameux "Kennedy et moi" (hummmmmm !) et les autres.
Dans l’immense pile de papier si délicieusement imprimé, tout au bas, se trouvait, pour la fin, et en preuve absolue que le meilleur est toujours pour l’ultime, le petit recueil de nouvelles "Parfois je ris seul" d’un cynisme achevé mais qui me fait hurler d’un rire jaune (et pas seulement parce que je fume trop et que la couleur de mes dents s’en ressent).
J’espère que Jipé ne m’en voudra pas 1/ de l’appeler de cette manière ridicule 2/ de citer les prochaines phrases qui, néanmoins, devraient vous donner l’envie, la nécessité, d’acheter ses livres.
Pape
T’es vraiment le cousin du pape ?
Ouais. Le pape c’est l’oncle à ma mère.
Ca doit aider dans la vie d’être le cousin du pape.
tu parles, si t’as besoin de rientu peux compter sur lui !
Je veux pas le croire. il est salaud, le pape ?
C’est pas qu’il soit salaud, mais y s’en fout.
Une fois par exemple j’avais dit à ma mère de lui demander s’il pouvait pas m’avoir une Vespa hors taxe. Jamais eu de réponse.
T’es gonflé aussi, demander un scooter au pape.
Et alors, c’est l’oncle à ma mère, non ?
On dit que le silence après Mozart c’est encore du Mozart. les lignes blanches après Dubois, c’est ... encore Dubois.
Voilà ! Je n’aime personne ! Sauf Catherine, Didier Daeninckx, Jodie Foster et Jean-paul Dubois. En revanche, Jean d’Ormesson ...