A l’heure de la marée, elle attend, le châle ramené sur la poitrine et les cheveux au vent, en haut de la falaise surplombant la mer immense. Elle scrute l’horizon espérant y apercevoir l’ombre des voiles blanches se découpant sur les rougeurs du soleil couchant.
Lorsque la nuit vient, elle s’assied et ferme les yeux, le vent qui vient du large lui apporte la voix de celui dont elle attend le retour. La mer lui raconte les chansons à hisser ou à virer des équipages, les peurs et les doutes qui parfois assaillent leur âme, leurs joies et leurs rires.
De temps à autre, au loin, la silhouette d’un trois-mâts se profile, son cœur bat plus vite mais l’albatros des mers poursuit son chemin vers un autre port, vers d’autres bras tendus.
Jamais elle ne perd espoir et quand le vent se lève et fait écumer les vagues de colère, elle serre un peu plus fort la croix qu’elle porte autour du cou et murmurant, le cœur au bord des lèvres, elle implore la vierge de protèger son voyageur parti si loin.
Ce matin la mer se couche sur la grève docile comme un animal apprivoisé, seul le cœur de celle qui attend est tourmenté et ne connaît le repos.
Mais là-bas, une voile se découpe sur l’horizon ensanglanté comme un rêve lointain, le bateau vire de bord et amorce la manœuvre pour rentrer au port.