Elle renonce. Et pourtant, elle s’est battue. Mais trop de choses la font fléchir. Alors elle renonce. Elle qui garde la tête levée, elle qui tente de se controler, elle qui ne voulait rien de tout ça. Partout autour d’elle, des blâmes. Des "il ne faut pas faire ça". Des "c’est de ta faute, je te l’avais dit". "Je sais..." Elle n’avait su dire que cela. Elle n’avait su dire rien d’autre. Mais elle ne le faisait pas exprès... A quoi bon l’enfoncer davantage, alors qu’elle-même s’en voulait ? A quoi bon la blâmer, alors qu’elle le faisait elle-même seule ? A quoi bon...
Elle s’efforçait de rester droite, de continuer à marcher malgré l’extérieur qu’elle ne voyait plus, malgré sa vue qui se brouillait, malgré les larmes qui coulaient sur ses joues. Non, elle n’assumait pas. Elle n’y arrivait pas. Elle ne pouvait plus se controler. Elle n’y arrivait pas. Elle n’y arrivait plus. Ses jambes se dérobèrent sous elle. Elle tomba. Elle ne sentit aucune douleur, tant celle qu’elle ressentait à l’intérieur d’elle même était intense. Elle ne se releva pas. Elle baissa la tête vers le sol, l’eau coulant sur ses joues. Elle avait envie de hurler, mais ne le fit pas. Elle s’entendait en elle-même crier, prendre sa tête dans ses mains, se recroqueviller en espérant que la douleur passe, elle se voyait en elle-même pleurer et hurler sa douleur, parce qu’elle devait sortir. Mais elle ne le fit pas réellement.
Elle resta là, assise à terre, sans pouvoir controler quelques larmes qui jaillissaient de ses yeux comme une fontaine trop remplie, une fontaine qui ne pouvait plus contenir sa peine, qui ne pouvait plus contenir sa douleur, qui ne pouvait plus contenir tout ce qu’elle avait enfoui en elle jusqu’à présent, tout ce qu’elle avait caché dans sa boite, tout ce qu’elle avait gardé pour elle, tout ce qu’elle avait tu. Non, ce n’était pas de sa faute. Non, elle n’arrivait pas à l’assumer. Oui, cela la consummait de l’intérieur. Oui, elle avait mal, non elle n’arrivait plus à rester debout. Elle avait renoncé.
Elle avait craqué. Elle ne pouvait plus rien faire, elle était à présent obligée de vivre avec cela, elle était obligée d’y faire face, elle était obligée de le savoir. Elle qui aurait tant voulu le taire. Elle qui aurait tant voulu ne pas avoir de réponse, elle qui aurait tant voulu... Elle savait, mais elle ignorait ce savoir. Elle ne voulait pas y faire face. C’était trop dur, ce n’était pas le moment. Elle voulait ignorer, elle voulait oublier. Si elle pouvait revenir en arrière... Qu’aurait-elle fait alors ? Aurait-elle changé quelque chose ? Aurait-elle fait cela ? Etait-ce une erreur ? Tant de questions qui n’auraient jamais de réponses.
Elle leva ses yeux humides vers le ciel bleu et sans nuages, et pensa... Elle pensa que maintenant il fallait qu’elle se relève, elle pensa qu’elle ne devrait pas essayer d’y faire face, qu’elle avait tout le temps pour cela, qu’elle devrait vivre avec sans pour autant l’accepter. Elle se leva, les yeux vidés de larmes, elle se tint à nouveau droite, elle afficha un sourire habituel, et repartit tranquillement en direction de toutes ces personnes qui ne se douteraient de rien, et à qui elle ne dirait rien. Après tout, ils n’avaient pas besoin de savoir. Personne n’avait besoin de savoir, et puis ça impliquerait nécessairement des explications. Des explications qu’elle ne voulait pas fournir. Alors elle s’enfermait dans ce leurre, elle ne disait rien à personne. Elle sourit. La vie continuait.