Eloïse se morfond. Les jours se suivent et se ressemblent. Le temps est à la pluie et le quartier est d’un calme désolant. Pas la moindre petite affaire à se mettre sous la dent. Cela fait déjà trois fois qu’elle se fait, assise sur le bureau, les ongles des orteils. Elle en a marre et Georges ne manque pas de lui faire remarquer qu’elle ne devrait pas se conduire ainsi, qu’en tant que commissaire auxiliaire elle a un rang à tenir. Georges l’ennuie, l’absence d’affaire à traiter lui pèse énormément. Eloïse est au bord de la dépression.
Georges fait irruption dans le bureau. Eloïse est en train de dessiner. Elle s’est découvert une nouvelle passion pour le gribouillage et s’en donne à cœur joie… Enfin, façon de parler !
A l’arrivée de Georges, elle ne lève même pas la tête.
Le commissaire dépose avec élan un gros dossier sur le bureau d’Eloïse.
Les affaires reprennent ! Au boulot.
Eloïse a lâché son crayon et regarde le commissaire avec des yeux écarquillés à un point tel que Léon se demande tout à coup si elle n’a pas pété un câble.
Oh ! Ca va Eloïse ?
(Note pour le lecteur attardé : Léon, c’est le prénom de Georges. Son petit nom si vous préférez. Sur l’état civil c’est Léon Simon Denis. LSD en quelque sorte ; C’est un comble pour un type qui a été inspecteur aux Stup. , pendant plus de dix ans. Mais que voulez-vous, il y a des choses qui ne s’inventent pas. Bon je ferme la parenthèse)
Eloïse se saisit du dossier. Je crois qu’à cet instant, si Georges avait voulu le lui reprendre, elle l’aurait mordu ou griffé et avec la dose de produits chimiques étalés sur ses ongles, c’eut été grave voire mortel.
Le dossier ouvert, elle lit le compte rendu liminaire.
Mais ! Commissaire ! Vous vous moquez de moi ! On a kidnappé le chien de la comtesse Khommange. Que voulez-vous que ça me fasse. Vous n’avez pas un larbin à mettre sur le coup ?
Le commissaire très calme, un petit sourire au coin des lèvres vient se planter devant Eloïse, penché en avant, les deux poings posés sur le bureau, il savoure l’instant.
Sachez jeune écervelée que la chienne de la comtesse, est un animal de concours plusieurs fois primé, assuré pour plus de cent mille euros. Sachez que de surcroît, elle porte à son cou un collier incrusté de diamants avec en pendentif un solitaire de vingt-deux carats. Sachez pour terminer qu’au moment du vol, Anastasia, la petite chienne trônait sur la banquette arrière de la Maybach 57 S, laquelle évidemment a disparu elle aussi.
C’est quoi la Maybach 57 S ? Une poussette pour caniche ?
Petite sotte ! La Maybach est le summum des voitures de luxe ! Bref je vous charge de vous occuper du dossier d’un vol estimé à plus de deux millions d’euros. Mais si vous préférez que je m’en charge seul…
Non commissaire. Considérez cette affaire comme presque résolue, je m’y mets sur le champ.
Seule dans son bureau Eloïse compulse frénétiquement le dossier. Un paquet de photos de la chienne Anastasia, de la fabuleuse voiture, de la demeure de la comtesse.
Les comptes rendus des auditions de la comtesse, du majordome, des membres du personnel. Seul le chauffeur n’a pas été entendu, son corps ayant été retrouvé sans vie dans un taillis à proximité du lieu de l’enlèvement.
Ah ! Un mort, tout de même s’exclame Eloïse, ravie.
(A suivre…)