Je te revois, silhouette sombre se découpant sur le ciel pourpre du crépuscule, image bien gravée dans un recoin de ma mémoire. Superbe et puissant, en haut de la colline, impressionnant de force tu étais là merveilleux, magnifique, symbole de tout un peuple.
Image arrêtée en rouge et noir, violence et passion, sang et mort, tel est le destin vers lequel tu t’avances fier et insoumis.
Tu te battras, tu l’as compris et le plus fort ou le plus fourbe sera vainqueur. Peut-être t’écrouleras-tu soudain sans savoir ce qui t’arrive et fermeras-tu les yeux pour mieux mourir ?
Bruit sourd que fait une foule en délire, la muleta que l’on agite devant tes yeux, et ces hommes qui te piquent et enfoncent dans ta chair des banderilles au couleur de ton pays.
Tu frappes le sol de ton pied de géant, tu souffles et baisses la tête, la colère monte en toi, rouge et noire, sourde à leurs cris.
Tu t’élances, le sol tremble sous tes pas, des gouttes de sang souillent le sable blanc.
Il esquive.
Arrêt brutal, tu te retournes, tu n’es jamais vaincu, la haine te porte.
Tu t’élances à nouveau, la danseuse fait un faux pas...tu es vainqueur.
Instant d’éternité dans le silence immense qui envahit l’arène.
Tu es vainqueur, tu retourneras vers tes collines et le soir couchant, ta silhouette noire se découpera encore sur les écarlates crépusculaires.