Chaque jour Chat de poil visitait son meilleur ami Chat de plâtre.
Longtemps il avait cru qu’il s’agissait d’une statue érigée en honneur de son absolue beauté et de sa grâce innée, jusqu’au jour où une petite voix s’était adressée à lui.
Au début un peu affolé, il s’était vite rassuré et avait appris à apprécier la compagnie de ce camarade peu encombrant qui ne griffait jamais, ne lui volait pas sa pâtée et ne courait pas non plus derrière les souris du jardin et autres mulots dont il raffolait.
Chat de plâtre s’émerveillait du monde auquel il n’avait pas accès. Il s’extasiait de tout, du soleil, des étoiles et du chant des oiseaux. Il enviait son compagnon qui se promenait à volonté, se faisait cajoler.
Pourtant Chat de poil portait sur son environnement un regard blasé et réprobateur. La chaleur et le froid l’indisposaient, le bruit l’insupportait et les démonstrations d’affection de ses humains bien souvent l’agaçaient au plus haut point.
Il répétait sans cesse que son camarade avait bien de la chance de n’avoir pas à subir les hommes.
Chat de plâtre, quant à lui priait le ciel chaque jour pour exaucer son vœu de liberté et d’existence.
Chacun représentait ce dont l’autre avait toujours rêver d’être et vivait à travers lui ses espoirs et ses désirs.