A une heure cinq, la nuit, je regarde, moitié nu, bite à l’air, assis sur mon canapé, j’ai froid, un peu, pas trop, la rediffusion ultime de l’épisode minable du dernier reality show en vogue.Décidément, je n’aime pas ma vie en ce moment.Seul, putain, je suis seul ! Encore une fois. C’est la loi du genre, le sens de ma vie. Je crois.Ces derniers temps, je suis seul, même accompagné. Je ne m’intéresse plus aux gens qui m’entourent. Mes amis, des hommes, mes amies, toutes ces femmes qui jouent avec moi encore, commencent à savoir que je les aime pas. Que je ne les aime plus.Les femmes, surtout. Je ne m’amuse plus avec elles. Je ne bande plus. Ou mou. Sur elles, je suis obligé de réfléchir et de m’appliquer, par respect simple, alors que faire l’amour était naturel jusqu’alors. Je cherche la passion et découvre du vide, du vide, du vide. Un grand rien avec du poil autour. Le néant jusque dans le coup de rein.Les hommes, je profite d’eux. Je conduis leur bagnole à des vitesses stupides, je dors dans leur maison de campagne, même au bord de la mer, je pille leur frigo et, accessoirement, qu’ils le sachent ou non, qu’ils l’acceptent ou non, je nique leur femme.Avant, je ne disais ni « baiser », ni « niquer ».Hier j’ai baisé et niqué deux femmes.Vers dix heures Françoise, épouse d’un banquier d’affaires et puis, après le repas, une inconnue totale.Samedi dernier, grande réception en l’honneur de je ne sais quoi chez Michel Zwerzag. Avec quelques autres, je servais de caution intellectuelle à ce pince-fesses mondain d’une grande vacuité par ailleurs. Un pianiste jouait, alternativement, du Mozart et du Bill Evans pendant que les serveurs impeccables du traiteur passaient entre les tables. A ma gauche, une baronne ridée éclatait de rire toutes les dix secondes. A ma droite, Françoise qui, rapidement, a posé sa main sur ma cuisse, sans un mot, avec un regard pénétrant qui, clairement, disait « je te veux, je t’aurai ». Poliment, juste après le gibier aux morilles, j’ai œuvré à mon tour. Je suis remonté haut, jusqu’à l’embranchement entre les deux jambes et j’ai massé son con, pendant un quart d’heure au moins, par dessus une culotte rugueuse.C’est elle qui a voulu, pour hier. Elle devait voir son dentiste, après. Elle est passé et m’a offert son sexe, presque tout de suite. Est-ce bien des manières ?L’inconnue a sonné à ma porte vers deux heures. Une jeune femme perdue qui cherchait mon voisin et a trouvé mon sexe dressé derrière la porte, à peine dissimulé par le peignoir de douche, et a trouvé trop bête de ne pas en profiter.Le plaisir ? Bof ? Les femmes s’ouvrent comme des portes cochères sans digicode. Trop facile ! A vaincre sans péril...
Je ne sais pas pourquoi j’accepte. L’habitude ? La facilité ?J’exclus peut-être simplement d’avoir à expliquer tout refus.Ca prend moins de temps de les fourrer que de les convaincre que je ne veux pas, que je n’ai pas envie. Après coup, souvent je me dis, qu’une bonne branlette aurait pu être bien plus efficace, plus amusante, plus torride.Je ne sens plus rien.J’ai le cœur qui débloque. Longtemps il a fuit, débordé, il s’est par trop épanché. Aujourd’hui, il gerbe, par tous les trous. Et ce qui en sort est dégueulasse. Je hais le monde. Le monde est moche, au rabais.Il faut que j’arrête. Je passe de cons en cons, de culs en culs, de nibards en lolos sans même plus regarder qui il y a au dessus. Je me blase, je me dégoûte, presque. C’est l’hymne à l’amour, moi le nœud !Plus j’y pense, plus j’ai envie d’une femme, pas très brillante mais croustillante et moelleuse à la fois. Une qui m’aimerait vraiment, ne m’offrirai son corps et ne me laisserait faire qu’à peine deux fois le mois. Je lui proposerai le mariage. Le vrai. Église, musique, frous-frous blancs, belle famille pomponnée et oncle Henri bourré qui montre son vaste cul avant la pièce montée. Des enfants, conçus rapidement, dans le noir.Des enfants ? Les voir grandir. Les embrasser au travers des grilles de leur école. Leur apporter des pains chauds au chocolat pour leur goûter et prendre un pain au raisin pour moi, avec de la crème. Ou bien un Napolitain si un pâtissier sait encore les faire.Où est-elle ? Où la rencontrer ? Je ne croise jamais ce type de fille si médiocre et sublime à la fois.Pendant que je pense à tout cela, je bois. Je bois et le fil se perd. Je bois et on sonne à la porte.J’ouvre.
C’est une nana que je ne reconnais pas bien. Une fille déjà vue, mais je ne sais d’où.- Bonjour- Hum !- Tu te souviens de moi ? Tu m’as donné ton adresse, l’autre jour, tu sais ?- Euh ! Non, mais c’est pas grave.Elle entre, fait plusieurs pas et admire.- C’est cool chez toi.- Bof !- Si, c’est vachement beau ... malgré le bordel. Mais je n’ai rien dit !- T’as raison, dis rien, fous toi à poil et jambes écartées.J’ai dit ça pour la provoquer, pour qu’elle se fâche, pour qu’elle se tire. Mais - idiote magistrale - elle se déshabille et se met en position.Rien à faire, c’est un destin.Je hurle comme un fou sans même l’effrayer, j’ouvre la fenêtre du salon et je saute.Arrivé en bas, pas même un demi étage, je me foule la cheville.Putain ! Ça fait mal !