Un petit matin brumeux, il sort seul d’une boite de nuit. Il est seul depuis des mois, voire des années, Il erre désespéré dans les rues. Sa femme l’a quitté un soir d’automne sans explications, sans reproches, rien. Elle a pris son sac, l’a embrassé, caressé la joue une dernière fois puis est partie. Il ne pensait pas que leur histoire d’amour s’achèverait ainsi et lui souffre encore comme un damné . Les jours et surtout les nuits, il les passe à se morfondre sur ce qu’il lui reste... C’est à dire rien.
Ce matin là , il se trouve sur la plage, il fait froid, très froid ; la lumière de l’aube sur la mer calme est splendide. A part les mouettes qui cherchent de la nourriture, tout semble désert mais il n’est pas d’humeur à apprécier le spectacle. Sa vie n’a plus d’intéret, elle ne lui apporte que des malheurs . Pourquoi se poser des questions, il s’en ai déjà tellement posé ...des questions malheurement, il n’a pas les réponses, maintenant il veut en finir. Il s’approche doucement vers ce qui
est pour lui, la fin de tous ses maux. Terminées, les soirées à chercher âme qui vive, finies ses nuits à tourner, retouner dans son lit, sans pouvoir fermer l’oeil ... sa vie s’achèverait ici. Pourquoi attendre plus longtemps, sa décision est prise. Il s’ avance doucement vers ce qu’il pense être la fin , lorqu’il aperçoit au loin, une femme qui courre dans l’eau. Est-elle, comme lui, candidate au suicide ? Il n’en a pas l’impression. Il ne sait pas si elle est jeune. Là d’où il se trouve , il ne voit qu’une silhouette qui danse, vole, légère comme une plume sur l’écume des vagues. Mirage où réalité il ne sait plus, pourtant il l’entend bien rire. Oui elle rit, cela il en est sûr. Cette fille joue avec la mer comme une enfant heureuse de posséder un nouveau jouet. Pour elle, le froid, la solitude, la morosité n’existent pas, elle vit l’instant présent. Il veut savoir pourquoi elle est heureuse. Si elle a une recette, elle pourrait lui faire partager ; ce serait idiot de tout quitter sans avoir explorer d’autres solutions. Il devrait lui demander mais comment l’aborder sans qu’elle prenne peur ? Il reste planté là à réfléchir, lorsqu’elle se retourne, le regarde franchement. Le sourire aux lèvres, elle s’approche de lui. Dieu qu’elle est belle, pas de ces beautés de cinéma, non, c’est autre chose de plus... personnel. Il ne peut pas faire sa description, il n’a pas les bons mots pour cela... Il n’est ni poète, ni peintre. Un poète sait décrire les longs cheveux dorés qui bougent doucement sous la douce brise du matin. Le peintre exprime divinement la profondeur du regard bleuté rempli d’innocence et comment parler du sourire de la belle ? Eux le savent, pas lui. Lui n’a jamais su parler aux femmes. Devant elles, il se trouve maladroit, tout comme devant cette jeune fille devant lui, là à deux pas... il ne peut plus bouger,ses muscles refusent d’agir, il est subjugué.
<< bonjour monsieur, Vous êtes d’ici ?
- Bonjour mademoiselle,oui, je suis né ici .
- Excusez moi de vous avoir accoster comme cela.,ce n’est pas mon habitude. Je cherche un hotel.
- Pas de problème il y a « l’hotel de la plage »
- Merci de ce renseignement. Il est loin d’ici ?
- Non, vous quittez la plage,tournez à droite et c’est à cent mètres tout droit.
- Pas de danger de ce perdre alors.
-Non ,c’est une petite ville et en cette saison, il n’y a pas grand monde,c’en est même mortel.
-Mortel ? Mais pas du tout, vous avez la mer, les oiseaux, le soleil et vous vous plaignez ? Je ne comprends pas comment on peut rester indifférend devant cette vue. Moi je vis en ville où tout est gris, je pourrais râler mais je ne le fais pas.
- Vous avez raison, Mademoiselle Philosophe.
-Je ne suis pas philosophe, je vis au jour le jour, tout simplement. Excusez moi, je vais de ce pas à l’hotel. Au revoir Monsieur.
- Au revoir Mademoiselle et peu-être à bientôt.>>
Elle part et lui reste là comme un con mais dans son cœur, une petite flamme d’espoir qu’elle lui a déposé.Il ne sait pas si c’est de l’amour mais aujourdhui, une nouvelle vie, faite de joies simples, peut recommencer. Son envie d’en finir a disparu pour toujours, cela il en est sûre.