Je m’habitue à la mort : la mienne, avenir, patiemment car ce sera peut-être long, autant s’y faire maintenant que j’ai le temps. Penser en corps, après ce sera en vain.
Fatalité ? Non, juste assurer pour ne pas se faire surprendre. Je me prépare, me repasse mon histoire et je l’efface afin d’être bien à plat, sans un pli. Tout un programme, minimaliste certes mais pour tout (et non pas) repos, ne rien emporter (à quoi bon s’encombrer ?). Ni écouter, ni parler, silence, seul avec cette fidèle compagne qui me conservera éternellement en faim de rien, en vie non plus.
« Mieux vaut maintenant s’y faire que demain s’y coller » disait un qui s’y connaissait pour en avoir réchappé. Quelle folie d’ainsi se retarder car jalouse elle ne vous lâchera jamais ! Avec Toi pour tout jour, ci-gît t’es couvert, miam miam qu’est-ce qu’on attend ?
Libation, lit haute tension, je n’étais pas au courant, maintenant si, à cet instant suffisait la vie, un plomb de trop.
- Mais, Mort, Toi qu’en penses-tu ?
- J’œuvre sans réfléchir (pour qu’on ne me devine, maline) ni frapper, je rentre sans être conviée et feue ta volonté.
- Diable ! J’accours, me chasse et me décarcasse.
Quel esprit ! Définition : ce qui reste une fois que tout est fini.
Je vous dédie cette image, puisse-t-elle vous ravir non à la vie (quoique j’aimerais mieux vous proposer que d’abord partir). Laissez, je vous taquine, rêve de vous bout du nez, mutine. Folâtrer, dévier, vous envier mais pour sûr de votre corps et surtout de votre souffle je veux mes oreilles et ma vue combler ! Quant à mes doigts, laissons-les encore courir pour espérer assouvir votre vie. Ah ! Quel coup. Je vous suis reconnaissant. Pas vous ? Pas moi. Et vous ? Emoi, épousez-moi ! Mais je vous connais... on ne s’est pas déjà vu ?