Par un petit matin d’automne, tu as décidé de t’enfermer dans le rêve si beau que tu avais fait cette nuit-là. Alors, tu as figé ta vie et le temps a beau blanchir tes cheveux et creuser des sillons à l’angle de tes yeux, toi, tu ne vois que les étincelles qui font briller les siens quand le sourire qui illumine ton visage n’est que pour lui.
Tu ne vis plus que pour ses bras qui t’enlacent doucement, pour son souffle sur ta nuque et le frôlement de sa bouche sur ta peau. Tu ne vis plus que pour ses mains qui étreignent les tiennes, pour ses mains qui caressent, pour ses mains qui protègent. Tu ne vis plus que pour lui, tu es la femme qu’il attendait.
Alors, tu l’espères comme s’il devait venir un jour. Tu sais d’ailleurs déjà ce qu’il te dira en t’embrassant tendrement sur le front, tu sais chaque mot, chaque parole qu’il prononcera, cette émotion dans sa voix qui te fera fondre de plaisir et tu connais d’avance les réponses qu’il attendra de toi.
Et pourtant une petite voix en toi, petite étincelle de survie, te dit que jamais ne se réalisera ton rêve. Elle crie, elle hurle et elle capitule car toi tu ne l’écoutes pas. Toi tu veux y croire, y croire plus fort que tout, y croire pour vivre, y croire pour survivre.
Tu fermes les yeux et tu le retrouves, tu entends sa voix comme un effleurement, tu sens la chaleur de son corps. Quand la réalité te blesse, te meurtrit, te mutile et t’écrase tu perds pied lentement et tu t’envoles dans le monde trop bleu de ta vie chimérique où tu meurs en silence...