" Il faut toujours faire face ! " me hurle ma femme.
Si je ne suis pas un fin stratège militaire, il me semblait pourtant que parfois le fait de contourner comme de surprendre pouvait apporter d’authentiques résultats qui...
" Une fois suffit ! " me coupe-t-elle toujours dans mon élan après avoir fait sus muet à l’ennemi que je suis. En fait, elle nie l’art de l’esquisse, encore plus celui du camouflage. Gladiatrice primitive, du nu elle se suffit et n’allez pas tenter de lui ajouter autre chose !
Elle m’accuse d’être poltron, souvent de faire preuve de souplesse mais que voulez-vous, de son autoritarisme elle me désarme. A son signal, il faut foncer baïonnette en avant, empaler l’ennemi puis aussitôt se retirer. Ainsi est son credo, son intime conviction, on dirait celle d’un Poilu d’ailleurs à ce propos... mais bon, j’avoue qu’elle me rase.
On ne peut pourtant, en homme de bonne consistance (comme je le suis) et de bonne chair (on s’empâte), inlassablement se contenter d’une approche aussi basique et qui tient plus de la charge héroïque que de la chevauchée sauvage. Moi, je rêverais d’attaques surprises, de pulvérisations chimiques (ah ! les fragrances enivrantes), de tenues léopard ou de tentures soyeuses (pour dissimuler au regard les trésors qui font saliver), d’équilibre sur la corde raide (une main après l’autre mais pas les pieds par pitié), d’encerclement (danse et calumet de la paix et scalp de la zigounette, non pas la mienne, ma dame vous me faites vraiment mal, posez donc ce couteau), d’avancées significatives puis de replis stratégiques avant l’assaut final précédant les longues tractations, négociations (tarifons l’amour !) et pourléchers (heu, pour lâcher... je vais y arriver : POURPARLERS) .
Enfin bref, ce manque cruel de diplomatie me navre et face à un tel tyran, parfois je me tire. Les uns disent que c’est un péché, je leur réponds que si c’est bien un coup d’épée dans l’eau, cela au moins en préserve le fourreau et s’il n’y a ivresse au combat, je finis quand même par faire long feu dans cette attente d’une propice fenêtre de tir où s’encastrerait une perspective plus réjouissante que la simple vision de cette femme-goal.
Allons droit au but nous aussi et je sais que vous me comprenez. Je vous prie donc de recevoir ma fleur mais surtout vous demande d’une estocade de ne point en couper la tige. Dans un pot, je serais moins à l’aise même si vous m’emportez. Permettez enfin que je vous baise la main, nous nous devons de rester dans ces moments là courtois aussi.