Pourquoi te tortures-tu ? Pourquoi es-tu incapable de voir la vérité en face sans souffrir, sans penser à autre chose ? Pourquoi deux voix se mélangent-elles, et te disent tour à tour que tu n’as pas de chances et que tout est possible ? Pourquoi veux-tu, pourquoi espères-tu alors que tu sais aujourd’hui, par les paroles de l’Autre, que c’est Elle et non toi ? Lyssia, pourquoi as-tu mal, aujourd’hui, pourquoi as-tu posé la question alors que tu connaissais la réponse, pourquoi a-t-elle continué à parler, en sachant le mal qu’elle te ferait ? Lyssia, pourquoi es-tu en perpétuelle guerre contre elle, alors que tu l’apprécies ? Tu ne tiendras pas. Tu sais que tu ne tiendras pas. Tu sais que tu ne fais pas le poids. Tu sais qu’elle le veut. Tu sais qu’elle se battra malgré tout. Mais toi, tu ne veux pas de cette guerre froide, tu ne veux rien de tout ça... Si tu avais le choix, tu t’effacerais, n’est-ce pas ? Si tu avais le choix, tu oublierais, n’est-ce pas ? Si tu avais le choix...
Cette guerre, tu la mènes malgré toi, sans pouvoir rien contrôler. Tu n’as pas le choix, tu le sais, tu attends, tu espères, tu penses... trop. Tu penses trop. Cet ami que tu as perdu, cette amie contre qui tu te bats, cet autre ami qui n’en est pas un... Lyssia, quand cesseras-tu de désirer le bonheur ? Quand te décideras-tu enfin de glisser au sol et ne plus bouger, attendant que les autres te piétinent le cœur ? Lyssia, pourquoi te bats-tu encore, pourquoi n’abandonnes-tu pas ? Tes forces ne sont pas suffisantes, tu le sais. Alors pourquoi résistes-tu ? Tu tomberas. Tu sais que tu tomberas. Regarde, les larmes commencent déjà à couler. Lyssia, je te parle, moi qui suis ton autre. Regarde moi, abandonne ce combat, abandonne tout, et laisse toi mourir enfin, que la souffrance enfin te délivre et s’échappe de ton être, laisse moi te guider vers un ailleurs où tu ne connaitras plus rien...
Tu en as assez de ces guerres, tu en as assez de tout ce mal que tu t’infliges par la simple pensée, tu en as assez de tout ce que tu penses sans pour autant t’arrêter de penser. Lyssia, quand auras-tu fini d’être ainsi ? Lyssia, quand auras-tu fini de vivre ?
***
Je lève les yeux vers toi, mon autre, je te regarde si soucieuse, et si désireuse de m’enlever cette souffrance qui me torture jour après jour. Mes yeux sont embués de larmes, et tu te penches vers moi, le regard inquiet, et tu n’essuies pas cette eau qui coule car elle est immatérielle, et tu le sais. Si les yeux sont le reflet de l’âme, les larmes sont révélateur de ce trop plein de souffrance que j’accumule chaque jour. Mais tu le sais déjà, et c’est pour cela que tu m’offres ce voyage, cet aller simple vers un ailleurs où je ne serais plus torturée...
Je me vois dans ton regard, et tes yeux me renvoient mon image qui se brouille peu à peu. Si les larmes coulent, ton silence et mon sourire ont la même signification. Non, ce n’est pas pour aujourd’hui. Oui, je vais me battre, encore, et contre elle. Et si je perds, tant pis. Et si elle gagne, tant mieux... pour eux. Qu’est-ce après tout qu’une vie sans souffrance ? Comment accéder au bonheur, comment le reconnaitre s’il est continu ? Mes larmes furent séchées sans que j’ai senti tes gestes simples me les ôter du visage. Tu es mon miroir, je suis ton autre. Nos manières de pensées sont différentes, nos actes également. Cependant, nous sommes unies par ce ruban que tu portat à mon bras un jour, me liant à toi pour l’éternité. Mi ange mi démon, mi paradis mi enfer, mi toi mi moi. Toi et moi sommes une, tu m’aides à tomber lorsque je ne fais que subir sans fierté, je t’aide à te relever lorsque, malade de souffrance, tu t’écroules à ton tour.
Je suis Lyssia, je suis ton opposée, mais je suis Toi.