(...)Ay Marieke Marieke le ciel flamand,
Pesait-il trop de Bruges à Gand,
Ay Marieke Marieke sur tes vingt ans,
Que j’aimais tant de Bruges à Gand.
Zonder liefde warme liefde,
Waait de wind de stomme wind,
Zonder liefde warme liefde,
Weent de zee de grijze zee.
Zonder liefde warme liefde,
Lijdt het licht het donk’re licht,
En schuurt het zand over mijn land,
Mijn platte land mijn Vlaanderland.
[Sans amour, chaleureux amour ; Souffle le vent, le stupide vent ; Sans amour, chaleureux amour ; Pleure la mer, la mer grise ; Sans amour, chaleureux amour ; Souffre la lumière, la sombre lumière. Et crisse* le sable sur mon pays ; mon plat pays, mon "pays flamand"). // (schuren : * crisser, grincer, mais également râper, polir, raboter) // (Vlaanderen = flandres. Un jeu de mot avec vaderland = pays du père = patrie, en français la ‘mère patrie’ amusant de voir ce changement de genre non ?]
Ay Marieke Marieke revienne le temps,
Revienne le temps de Bruges et Gand,
Ay Marieke Marieke revienne le temps,
Où tu m’aimais de Bruges à Gand.
Zonder liefde warme liefde,
Lacht de duivel de zwarte duivel,
Zonder liefde warme liefde,
Brandt mijn hart mijn oude hart,
Zonder liefde warme liefde,
Sterft de zomer de droeve zomer,
En schuurt het zand over mijn land,
Mijn platte land mijn Vlaanderland.
[Sans amour, chaleureux amour ; Le diable rit, le diable noir ; Sans amour, chaleureux amour ; Brûle mon cœur, mon vieux cœur ; Sans amour, chaleureux amour ; Meurt l’été, affligeant été, Et crisse le sable sur mon pays le sable rabote mon pays, mon plat pays, mon "vlaanderland"]
Il y a tant de belles chansons françaises dans le monde qu’on se sent tout petit, petit, si petit..
J’adore aussi celle là... Juste un extrait pour pas vous retenir trop longtemps, à noter que je pourrais puiser dans d’autres répertoires, il y a tant de merveilleux auteurs en francophonie..
Avec un ciel si bas qu’un canal s’est perdu,
Avec un ciel si bas qu’il fait l’humilité,
Avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu,
Avec un ciel si gris qu’il faut lui pardonner,
Avec le vent du Nord qui vient s’écarteler,
Avec le vent du Nord écoutez-le craquer,
Le plat pays qui est le mien
Ces mots expliquent-ils, en partie, la "Belgitude"..?
Ces qualités, sans fausse modestie, d’humilité et d’autodérision, mais également la farouche volonté d’un pays ‘micropuscule’ d’exister, de se battre, de se faire entendre..
Une bonne dose d’absurde, ou, mieux, de ‘surréalisme’, aide à garder l’esprit clair lorsque le ciel est si bas et lourd..
un éclat de rire pour tout soleil ?
Et ceci me fait penser au tableau de Magritte "l’empire des lumières"* une maison éclairée, un jardin, un ciel bleu, entre chiens et loups, un pays au milieu de tout, un pays éponge qui se gave de toutes ses influences, en fait un gros bouillon de culture, qu’il restitue à sa manière, agrémenté de piment, de caricoles (bulots) et de pralines pour adoucir le tout.
* = http://storage.canalblog.com/27/40/82652/11503773.jpg
Absurde ?
Un Français, un Belge et un Américain entrent dans un bar et s’assoient au comptoir. Le garçon leur demande : ‘C’est pour une blague ?’
Qui vole un bœuf est vachement musclé !
Ou alors, l’humour déjanté, décapant et tellement intelligent d’André Franquin (et d’Yvan Delporte qui apporta à Gaston Lagaffe les fameux « ne dites pas »). ‘Ne dites pas il négocie des ouvertures, dites plutôt Yvan Delporte’ (celui là est emprunté à www.bulledair.com dans un hommage rendu après la disparition de ce grand auteur).
André Franquin, un vrai généreux génie, je le préfère et de très très loin à Hergé et son Tintin coincé. OK, il a donné à la BD ses lettres de noblesses et la ligne claire reste une référence, mais personnellement je le trouve trop ‘lisse’ et surtout sans aucune ‘folie’.
J’aime le délire absolu de Franquin, ses inventions loufoques au point où l’on se surprend à regretter qu’elles ne soient que dessinées... On peut y associer les Goscinny, Gotlieb et tant d’autres que j’ai découvert dans Pilote (‘mâtin quel journal’, quel regret aussi..), ‘à suivre’.. et autres ‘Spirou’ du genre.
Absurde ?
Ne dites pas les temps sont durs, mais les victimes s’immolent,
Ne dites pas l’Ille-et-Vilaine, mais l’île pourrait être mieux.
Ou encore celles-ci, trouvées sur www.internenettes.fr:
Ne dites pas "Jerrycan" mais "Je m’bidonne".
Ne dites pas "Un canif" mais "Un fien".
Ne dites pas "C’est l’Amazone" mais "C’est là que j’habite".
Ne dites pas "Mine de rien" mais "Gisement épuisé".
Ne dites pas "Démanger" mais "Vomir".
Ne dites pas "L’électronique" mais "L’électricien fait l’amour".
Ne dites pas "Un poète" mais "Un klaxon".
Ne dites pas "un chapitre" mais un " matou rigolo".
Bref, tout ceci nous éloigne de la côte...
La côte.., elle aussi, des noms pour poètes..
Zeebrugge, littéralement ’le pont sur la mer’, ou ’la mer pont’, c’est selon, à quelques brasse-coulées de là, Blankenberge... littéralement le ’Mont Blanc’ et l’on dira que nous manquons de relief ? Regardez tous ces châteaux de sable..
Quand je vous disais que tout en Belgique est surréaliste !
Comment dites-vous ?
Oui, revenons à la ‘spitante’ Marieke (Marieke la pétillante.. tu entends les ‘spits’ de l’eau lorsque les bulles éclatent.. ?)
Vous permettez, Monsieur,
Que j’emprunte votre fille ?
Et, bien qu’il me sourie,
Je sens qu’il se méfie.
Vous permettez, Monsieur ?
Nous promettons d’être sages
Comme vous l’étiez à notre âge,
Juste avant le mariage.
Que d’amour dans nos mains qui s’étreignent !
Que d’élans vers ton cœur dans le mien !
Le regard des parents, s’il retient,
N’atteint pas la tendresse où l’on baigne...
Nous étions là, loin des dikkeneks* de la place matuvu de Knokke-le-Zoute, protégé du vent-salé-sablé par la toile de tente zébrée de rouge et de blanc, à nous approprier le monde d’un regard et au milieu de tous ces sourires béats qui font perdre haleine, le miracle se produisit, un cœur à cœur, la vie qui reprend tous ses droits dans un bouche-à-bouche salutaire..
Note : intéressant de noter que Dikkenek vaut plus cher au scrabble qu’au cinéma, l’avez-vous vu ? La bande annonce suffit, je trouve que le reste n’est que du réchauffé. Je me demande dans quelle mesure il ne fait pas plus rire à l’étranger que chez nous, une grosse caricature qui ne reflète pas la véritable finesse de l’humour belge selon moi.. mais bon, à vous de voir (un film d’Olivier Van Hoofstadt avec Jérémie Renier, Marion Cotillard, Florence Foresti, etc.)
Revenons sur les traces de leurs pas allègres et ensablés... Revoici la petite Marie (Marieke) à mon bras, seuls au monde sur cette plage grise de Middelkerke où s’agitent tant de taches roses* composées, sans doute, de marmots aux bouches en emmayonnaisées par le mythique picolo à la salade de crevette grises... sous l’œil amusé mais attentif de leurs idolâtres parents.
Sans doutes = figurez-vous que nous avions d’autres choses à faire que de prêter attention au décor, englués que nous étions dans nos regards mouillés de tendresse.
Picolo = petit pain allongé et lorsqu’il est rond, on parle de ‘pistolet’.
* Difficile dans ces conditions estivales de différencier un wallon qui a un coup de soleil...
d’un flamand rose ! lol
Je revois également, mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour, la surprise écarquillée de tes yeux, lorsque je suis passé te prendre à ton kot (flat) de la rue de Flandres pour cette escapade un peu folle, je l’avoue, mais si improvistement romantique...
Partir de l’aube claire jusqu’à la fin du jour alors que tu t’apprêtais à revoir ton vocabulaire pour le cours intensif de Bruxelleir nécessaire à ton intégration harmonieuse dans la Capitale Internationale* du "stoemp-chicon /duo noir-blanc de boudins".
Plus qu’un plat, c’est un délicieux mariage, une ode à l’amour.. si, si (comment ? surréaliste ?)
* = accessoirement Bruxelles est la capitale de l’Europe, mais on sait pas encore si ça nous arrange, personne ne nous a demandé notre avis... En Europe on dit : "oui,mais Bruxelles a dit, Bruxelles à décidé, Bruxelles par-ci, par-là..." et Bruxelles... n’existe pas. Il n’y a que la grosse "Commission" qui fait tout flamber, loyers et traffic compris !
Je t’ai demandé, d’une voix suave comme un waterzooï* , ‘tu veux’ et tu as répondu de ta voix si musicale ‘non peut-être’ !**
Pause pédagogique :
* Le waterzooï, est une sorte de poule au pot mais en plus miraculeux, avec de la crême et lié aux jaunes d’œufs..
** ‘Non peut-être’, il s’agit mes chers Zamis et néanmoins lecteurs, d’une expression clé si l’on veut comprendre et naviguer à Bruxelles. Exemple : ‘tu viens avec ?’, si elle répond ‘non peut-être’, elle est enthousiaste = oui, et comment !
Si par contre elle répond ‘oui, peut-être’ cela veut dire non, belge ou pas une femme est une femme.. Grrrrand éclat de rire, suivi d’une baffe assénée sèchement, mais certainement avec amour, par mon-népouse qui n’épouse pas mon humour machique ! j’accepte, sans toutefois me soumettre -lol- c’était idiot de la provoquer...
Reprise
Et nous sommes partis sans rien dire, là tout de suite, sans réfléchir parce que quand on s’aime, c’est comme ça, on ne s’arrête pas aux détails. Non, quand on décide de partir à l’aventure* on fait pas des choses comme passer la loque à reloqueter (serpillière ou ‘torchon’), détartrer le bidet ou passer à la wasserette chercher ses singlets (au lavoir automatique chercher son linge de corps, ou ’marcel’ )
Non, quand on aime, on aime et on y va !
* (ben oui quoi, Middelkerke est de l’autre côté de la frontière linguistique)
Symbolique pèlerinage, trois semaines déjà que nous nous rencontrâmes et connûmes sur cette plage de sable... Marieke, fermes les yeux... nous y revois-tu ?
Fondu enchaîné, flash back, au ralenti deux êtres jeunes et dorés par le soleil, croustillant comme des croustillons au sirop de liège de la kermesse du midi, marchent naïvement l’un vers l’autre, pauvres ignorants du sort qui leur est réservé par un destin aussi farceur qu’entremetteur...
* le sirop de liège est une autre institution nationale. C’est une sorte de mélasse brune et gluante à la poire... un délice ! Hé oui, même sur du camembert et passé sous le grill du four !
Je t’ai pressenti au loin, précédée par ton parfum comme l’annonce de doux délices, nos regards se sont croisés, j’ai freiné sec, électrocuté, tu as rougi, les mouettes -solidaires- se sont tues, nous nous bafouillâmes un bonjour timide, mais poli. Engageant maladroitement la conversation, sachant très bien qu’il n’y avait rien à dire, tu t’imposais là comme une évidence.
"Arrêtes de zieverer (raconter des bêtises), dis-je d’une voix prétendument assurée entre deux bégayements, ne fais pas ta babeltut (bavarde) et viens sur mes genoux que je te donne une baise (bise) mon petit cramique.." (pain au lait, beurre et raisins).
OK, un peux grivois.. mais bon, on parle d’amour ou de pêche aux crevettes ?
Trois milliards d’étoiles ivres mortes de ces éclats de bonheur naissant se sont écrasées autours de nous, nous éclaboussant d’une symphonie héroïque lorsque nos bouches se sont rencontrées pour la première fois...
(car, il faut le reconnaître, chers Zamis lecteurs zé -trices, qu’il est fameusement héroïque ce premier baiser... avouez, faut l’oser, non ?!)
Ca c’est la version idéale et drôle de l’amour de vacances, à 18 ans...
Malheureusement, dans la vie, on a pas toujours une plage déserte sous les pieds, alors forcément, pour se rencontrer ça prend des mois...
L’amour, le vrai, est-il compatible avec la réalité vraie ? Ou une grande arnaque mondiale ?
A suivre... un autre soir peut-être..
PS :
Une dernière pour la route (et pour notre jeune ouebmastère préféré, BB)
Vu sur www.frites.be (à savourer ! ...gaffe à la mayo sur le clavier.. j’ai essayé... paaas booon !).
(désolé si d’aucuns connaissent ce qui suit, moi je viens juste de le découvrir..)
Les Anglais sont très forts sur la terminologie du "ware" en informatique (shareware, hardware, freeware, netware, etc.).
Et les Belges, non peut-être ? Nous avons, nous aussi nos programmes et nous ne sommes pas peu fiers de vous en exposer la gamme (avec l’accent bien sûr). Comment dit-on en bruxellois un :
Serveur de réseau : Abreuvware
Logiciel très compliqué : Assomware
Procédure de sortie d’un logiciel : Aurevware
Logiciel de nettoyage du disque dur : Baignware
Réseau local d’une entreprise : Coulware
Poubelle de Windows : Depotware
Logiciel filtrant les données inutiles : Egoutware
Logiciel de compression des données : Entonware
Logiciel de vote électronique : Isolware
Logiciel de copie : Mirware
Logiciel antivirus : Mouchware
Logiciel de préparation de discours : Oratware
Logiciel pour documents en attente : Purgatware
Logiciel d’observation : Promontware
Logiciel de démonstration : Promouvware
Salle informatique pas climatisée : Rotisware
Logiciel de m**rde : Suppositware
Logiciel de classement : Tirware
Réunion des directrices de l’informatique : Tupperware
Logiciel de demande d’augmentation : Vatfervware