Lorsqu’il arriva au monde, Jean le petit d’homme ne cria pas. Il regarda autour de lui sans bien comprendre et ce fut tout.
A dix huit ans, il s’imaginait plus âgé auprès d’une tendre famille, entouré de nombreux enfants qui plus tard exerceraient la noble profession de leur père : Avocat !
A vingt cinq ans, Jean était cordonnier dans un petit village de campagne et aucune jeune fille ne s’était proposée à lui. Alors il commença un long voyage car finalement voir tant de chaussures usées et ne pas arpenter le globe !
Après tout il n’était pas sot et trouverait sans doute au cours de ses pérégrinations celle qui serait sa promise. Plus il marchait, moins il trouvait et plus il avançait, plus il montait et plus il vieillissait. Car la terre à beau être ronde, elle n’est pas plate et quand bien même ! Ses jambes ne le portaient plus.
Il dut enfin se rendre à l’évidence : Il finirait ses jours seul !
En arrivant au village qui l’avait vu naître, il était si fatigué, si usé, qu’il s’allongea dans la grande prairie verte qui longe le ruisseau. Ses yeux se perdirent dans le ciel immense.
Il sentit la mort le gagner, alors Jean le vieillard ne cria pas. Il regarda autour de lui sans rien comprendre et ce fut tout.
Ils sont bien peu ceux qui ont eu la chance de croiser l’homme. Je l’ai aperçu un soir d’été, à la dérobée tout près d’un petit bois, lui, Jean le muet.