Jeanne (1)
Qui étais tu Jeanne ? Je l’ignore, tu te racontais peu. Ton enfance se résumait à des malheurs. Ta mère décédée certainement par la boisson, alors que tu n’avais que quatre ans. Une soeur et deux frères avant toi qui travaillaient et un petit après. Tu étais très proche de ce celui là. Les mêmes tourments, sûrement. La guerre est arrivée ,avec elle la débacle. Tu t’es retrouvée avec ton père et ton petit frère sur les routes à la recherche d’un abri. De cette époque tu nous as racontée seulement une histoire de table , elle vaut bien un texte que j’écrirai plus tard. Ton père s’est remarié avant ou après la guerre, je l’ignore. La belle doche, comme tu l’appelais, l’a incité à se débarrasser de toi et de jean.
Dans la famille, pas d’inspiration pour les pénoms. Jeanne, jean. C’était comme cela , les enfants naissaient, on donnait le prénom du père ou de la mère pour les ainés, après c’était les prénoms des oncles et tantes lorsque ce n’était pas des grands parents. Toi tu étais affublée de Jeanne et ton petit frère Jean.
Ton père sous les ordres de le belle doche vous a laissé non pas dans des pensionnats mais à l’orphelinat. Toi chez les bonnes soeurs et Jean chez les curés. Votre éducation,” très belle” pire que le service militaire de l’époque avec la rigidité de la religion. C’était comme cela, il y avait rien à dire. On baissait les yeux à l’époque, il y avait pas le choix. Le premier qui osait regarder les religieux en face subissait le chatiment corporrel. Que dirait Jeanne de l’éducation faite aux enfants de maintenant ? Je l’ignore. Ce qui est sûre c’est qu’elle a élevée ses propres enfants de ce qu’elle a connu. Ne connaissant pas la tendresse elle ne pouvait pas en donner. Par contre elle distribuait les vollées, les giffles, les coups de pied lorsque la faute commise était grave. Elle ne voulait pas de martinet car cela cinglait et qu’elle avait peur de blesser ses enfants.
L’enfance de Jeanne se passait comme cela , entre les chatiments, les messes et l’école. Elle aimait l’école, elle y apprenait bien, elle a eu son certificat à treize ans et le directeur de l’école était passé chez son père pour qu’elle puisse continuer ses études afin qu’elle devienne institutrice. Jeanne en avait la “graine” mais, il fallait payer et là le père a dit non. Jeanne devra faire comme les autres, travailler. Le père aimait l’argent non ses enfants...
Jeanne s’est retrouvée à travailler dans des fermes à treize ans...(à suivre)