Plus loin que les hauts plateaux de l’Amdo, peuplés par les campements et les troupeaux de yaks des bergers Goloks, plus loin que les vallées sauvages du Kham, lorsque le vertige atteint l’oiseau, le grand Tibétain pourpre tourne le moulin à prières.
Le cri de l’aigle ne pertubera pas la méditation du sage.
J’ai vu Mai-Linh agenouillée face aux volutes d’encens et une larme glisser devant sa prunelle.
- Je suis larme et de ma part évaporée je serai ton âme et ce qui reste de moi roulera sur ta joue. Je pénétrerai alors ta peau pour devenir ton corps.
- Grand sage, reverrai-je mes parents ?
Le roulis se tut un instant. Puis il reprit sa cadence, lancinante mélodie dans le silence profond.
-Je suis ton corps à présent et je ressens la douleur de ton âme, tels tes sanglots, une part de tes parents habite mon village, l’autre occupe la couronne céleste. Ton aura envahit l’étoile et ton cœur reste accroché sur cette terre.
Les grands monts se sont teintés de rose. La neige est devenue plus froide encore. Vénus est apparue dans le firmament plus brillante que jamais. Mai-Linh dort maintenant.